Le renouveau des services de proximité

08/09/2016

Sous l’influence du digital et de l’économie collaborative, de nouveaux services s’inventent, ou se réinventent, en bas de la rue. Les grands groupes s’emparent de cette nouvelle génération de services de proximité, n’hésitant pas à racheter des startups pour étoffer leur offre. Approchons-nous des initiatives de Nexity, Elis, AccorHotels, et de nombreux nouveaux acteurs.

1A Paris, un pressing propose une expérience 100 % digitale

Un commerce de proximité peut-il réinventer son métier ? C’est le pari de deux étudiants qui ont créé à Paris le Lavoir Moderne, un nouveau service de pressing pour une prestation clé en main, sans aucun effort à fournir pour le client. Le principe est simple : le Lavoir Moderne vient chercher le linge sale à domicile et le rapporte lavé et repassé. L’entreprise prend en charge tous les vêtements, pas uniquement ceux réservés au nettoyage à sec. Le service s’adresse à ceux qui veulent en finir avec la corvée du linge et du repassage, ou qui ne supportent plus de voir sécher leurs vêtements dans le salon.

Une fois la commande passée via une application ou le site web, un « lavandier » se présente en moins de 30 minutes chez le client pour récupérer son linge, qui sera lavé selon un procédé écologique dans un atelier en région parisienne. 24 à 72 heures plus tard, les articles reviennent, prêts à être rangés dans l’armoire.

Les prix ? 2,5 € pour une chemise, 10 € pour une robe, 3 € le kg pour le linge du quotidien. La livraison, en scooter électrique, est gratuite à partir de 15 €, le service étant essentiellement disponible à Paris pour l’instant.

Le Lavoir Moderne n’est pas uniquement un site web, il existe aussi un magasin dans le 15e arrondissement pour créer de la proximité avec les clients, et d’autres implantations sont en projet.

Plus d’infos : Lavoir ModerneIdées locales

2Elis se lance sur le marché des particuliers en rachetant une startup innovante dans le pressing

Simplifier la corvée de linge est une tendance en vogue en ce moment dans l’univers des services. C’est sous cet angle que le groupe français Elis, leader européen de la location-entretien de linge et de vêtements de travail pour les entreprises, veut se développer sur le marché des particuliers. Fin juin, il a racheté On My Way, une startup suisse qui a mis au point une nouvelle approche pour le pressing. Ici, ce n’est pas un livreur qui vient récupérer le linge à domicile : ce sont les clients qui déposent et récupèrent leurs vêtements dans des points de collecte placés sur leurs trajets quotidiens (stations-service, supermarchés) ainsi qu’au sein de certaines entreprises.

Pouvant désormais s’appuyer sur le réseau d’Elis, On My Way souhaite exporter prochainement son modèle hors de Suisse, et annonce également vouloir tester le service à domicile dès cet automne.

En France, La Poste est déjà présente sur le marché du pressing à domicile. Ainsi, depuis l’an dernier à Perpignan, le facteur récupère et rapporte le linge pour le compte d’un pressing de la ville. C’est un des nouveaux services de proximité proposés par La Poste, dont la stratégie est de développer plus largement les services à domicile, la veille et la visite aux personnes âgées, etc.

Plus d’infos : Le TempsFrance 3

3De nouveaux concierges de proximité s’implantent au cœur des villes

Une nouvelle génération de conciergerie, proposant des services du quotidien accessibles au plus grand nombre, est en train de voir le jour dans les grandes villes françaises. C’est l’exemple de l’entreprise « Allo Bernard » à Toulouse. « On a repris le principe de concierge d’un immeuble, qui donne plein de coups de main, et on l’a déployé dans l’hyper-centre de la ville », explique Jean-Lou, un des cofondateurs.

Petit bricolage, déménagement, montage de meuble, nettoyage… Les services de l’équipe de 7 personnes d’Allo Bernard s’adaptent aux besoins des habitants. Parmi les prestations les plus demandées : les « visites de courtoisie » pour les personnes âgées. « On propose de passer chez les personnes âgées tous les jours, pendant 15 minutes. Durant ce laps de temps, on en profite pour descendre les poubelles, ranger, faire un peu le ménage… », décrit Marion, salariée d’Allo Bernard.

Autre illustration, à Paris, avec la société de services « Lulu dans ma rue ». Installée dans un ancien kiosque à journaux proche du métro Saint-Paul, elle propose, outre les traditionnels services de ménage, bricolage et soutien scolaire, d’arroser les plantes, de transporter des objets, de remettre des clés, de sortir le chien ou de réceptionner plis et colis. Montant du coup de main : de 5 à 10 € les vingt minutes. Après un an d’existence, l’entreprise revendique un fichier de 2 000 clients et une croissance de 20 % par mois.

Plus d’infos : La DépêcheLe Monde

4A Amiens, un organisme locatif renouvelle le métier de concierge

Des entreprises cherchent à réinventer le métier de concierge ? Le phénomène ne pouvait pas laisser indifférents les promoteurs immobiliers et les bailleurs sociaux. En juin dernier, l’OPAC d’Amiens a ainsi lancé dans un des quartiers de la ville une conciergerie solidaire, appelée « Conciergerie & Vous ». L’espace se veut un lieu de services et de rencontres, accessible pour un abonnement symbolique de 1 € par mois pour les locataires du bailleur social (5 € sinon).

Les services disponibles sont nombreux : un dépôt de pain (le quartier ne compte pas de commerce), des paniers de légumes proposés par des AMAP, des prêts d’outils et d’appareils électroménagers, un relais colis, la mise à disposition de vélos électriques, des ateliers de soutien scolaire, etc. « Conciergerie & Vous » veut aussi favoriser la mise en relation entre habitants pour des petits coups de main rémunérés ou non, comme des gardes d’enfant ou des retouches de vêtements.

Les premiers retours des habitants étant très positifs, l’OPAC pourrait ouvrir une seconde conciergerie de ce type dès la fin de cette année, une troisième étant même déjà envisagée pour 2017.

Plus d’infos : Le Courrier Picard

5Nexity se rapproche de ses clients avec Alfred, un majordome numérique

Et si les services numériques pouvaient aussi être une réponse à la disparition des concierges ? Le promoteur immobilier Nexity a développé un assistant personnel sous forme d’application mobile, « Alfred », qui se veut un véritable majordome du bâtiment. Ce concept a été mis en œuvre dans une première résidence livrée en décembre 2015 au 100 rue Leibniz, dans le 18e arrondissement de Paris.

Une des vocations d’Alfred dans cette résidence entièrement connectée est de simplifier les services de domotique : via leur smartphone, les occupants peuvent contrôler chauffage, éclairages, volets, etc.

Mais Nexity a aussi « développé une couche de services pour créer du lien au sein d’un même immeuble », décrit L’Usine Digitale. Les voisins peuvent publier petites annonces, demandes et offres de service (baby-sitting, arrosage des plantes pendant les vacances, par exemple) sur une sorte de réseau social local, où ils ont également la possibilité de remonter des informations à leur syndic. L’application incite par ailleurs à l’autopartage.

Alfred devrait être étendu aux différents immeubles de Nexity, qui espère ainsi se rapprocher de ses clients, qu’il perd souvent de vue après l’acte d’achat. « Pour un promoteur, il y a une frustration à ce que la relation client s’arrête brusquement à la remise des clés, confie Frédéric Augier, directeur digital de Nexity. Nous souhaitons accompagner le client tout au long de sa vie immobilière, avec une offre de services simples, accessibles, basés sur les usages, et non sur les technologies. »

Plus d’infos : L’Usine Digitale

6Les sites d’entraide entre voisins ont le vent en poupe

La rescousse, Peuplade, Voisineo, Voisins Solidaires, Ma-residence.fr, Allovoisins, Mon P’ti Voisinage… Les sites d’entraide entre voisins à l’échelle d’un quartier fleurissent sur internet, proposant, selon les cas, des échanges de services payants ou bénévoles. Le pionnier créé en 2007, Ma-residence.fr, revendique 100 000 utilisateurs. Les sujets enfants (école, baby-sitting, activités périscolaires…) et dépannage (prêt d’outils, recherche d’artisans, conseils bricolage et informatique) y ont la cote, décrit Le Monde qui a enquêté sur « les réseaux sociaux de voisins ».

Cette forme d’économie collaborative intéresse des acteurs comme la MAIF, qui a investi 1,7 million d’euros l’an dernier dans le site Mon P’ti Voisinage.

Plus d’infos : Le Monde

7AccorHotels rachète le leader mondial des services de conciergerie

A voir se démocratiser les services de conciergerie, il ne faudrait pas oublier qu’ils sont aussi toujours au cœur des services premium attendus par une clientèle haut de gamme. C’est justement pour séduire ce segment de clientèle qu’AccorHotels finalise en ce mois de septembre le rachat de la société française John Paul, leader mondial de la conciergerie d’entreprises.

John Paul a comme clients des entreprises telles que L’Oréal, Toyota, Visa, Samsung ou encore Air France. « Trois millions de membres profitent de nos services dans le monde, en général sans le savoir car nous travaillons en marque blanche pour nos clients, décrit David Amsellem, président de John Paul. Pour ces marques, nous gérons les programmes de fidélité pour leurs meilleurs clients, le Club Visa Infinite par exemple. »

Ce rachat va permettre à AccorHotels de se renforcer auprès de la clientèle d’affaires, et de profiter du logiciel de CRM très pointu développé par John Paul permettant, d’après un profilage comportemental, de faire des recommandations ultra-personnalisées à une clientèle très exigeante.

Plus d’infos : Le Figaro

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