Antoine Denoix : l’assureur qui s’inspire du vivant

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En 2019, Antoine Denoix a convaincu le board d’AXA de lui laisser les coudées franches pour lancer AXA Climate. Au départ, il s’agissait d’un projet d’organisation alternative, pour montrer qu’une entreprise peut fonctionner différemment en s’inspirant du vivant. Cinq ans plus tard, il peut se targuer d’avoir fait d’AXA Climate un acteur reconnu dans l’engagement des entreprises pour le climat. 

25/03/2024
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AXA Climate, filiale fondée en 2019

« Pour trouver belle une entité vivante, il faut d’abord la voir, la comprendre, puis s’y connecter. » C’est par cette citation d’Aldo Leopold, un pionnier américain de l’écologie, qu’Antoine Denoix concluait en février un post LinkedIn sur la grue des marais, une espèce protégée. La protection du vivant est en effet devenue une priorité d’AXA Climate, la filiale du groupe AXA qu’il a fondée en 2019. « Au début, nous faisions de l’assurance paramétrique qui consiste à payer automatiquement les assurés quelques heures après des événements climatiques extrêmes. Mais très vite, j’ai compris qu’AXA Climate aurait pour mission l’adaptation climatique et environnementale. J’ai créé les conditions pour faire émerger des activités différentes de l’assurance : la formation en ligne, avec la Climate School ; le conseil, pour aider les entreprises à comprendre les enjeux climatiques ; l’activité logicielle pour automatiser la compréhension du risque climat à l’horizon 2050 ; et l’initiation à la pensée régénérative avec Butterfly, notre dernier projet sorti en 2023. »

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Chief Ecosystem Officer

Six ans plus tard, Antoine Denoix est devenu Chief Ecosystem Officer d’AXA Climate. Il a monté une équipe de 200 collaborateurs, dont un bon tiers de scientifiques en climat et en agronomie. La Climate School a formé plus de 5 millions de personnes grâce à ses contenus digitaux, et l’entreprise réalise 70 % de ses activités en France, avec le gouvernement, des municipalités, et des entreprises du CAC 40, et le reste dans une quarantaine de pays, dont l’Inde et la Chine. Ce succès n’était pas acquis d’avance pour Antoine Denoix, qui a connu un parcours en zigzags. « À la fin de mes études, j’ai démissionné quatre fois de mes stages avant de trouver la lumière chez Google. Mes camarades d’école se moquaient gentiment de moi en disant que j’étais “non professionnalisable” ! » Avec des anciens de Google, il monte Fifty-Five, une agence spécialisée dans la data et le web marketing, puis devient « le jeune premier du digital » chez AXA. « J’avais de grosses équipes à manager et ma place au Comex, mais après une période de doute, j’ai eu envie de repartir à zéro, de réinventer l’organisation pour pousser les collaborateurs à faire émerger des idées. Cette déconstruction nous a pris des années ! »

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Inspiré par les romans

Son inspiration, ce lecteur boulimique la puise chez les grands romanciers français, Balzac, Flaubert, Proust. « J’aime beaucoup lire ! Pour moi, la littérature est une façon de me mettre à la place des autres, elle apprend l’empathie, qui est d’ailleurs à l’origine d’AXA Climate, car mon idée première était de réduire la souffrance au travail. » Un livre l’a particulièrement marqué : un essai de l’expert en management Frédéric Laloux, Reinventing Organizations, qui décrit des modèles d’organisation alternatifs au modèle « mécaniste » des organisations classiques. « Nous devons rompre avec le culte de la performance, qui optimise un indicateur au détriment des autres, et nous inspirer davantage des écosystèmes qui fonctionnent suivant des principes très différents de ceux des entreprises. La sous-optimalité, par exemple, est un principe de la nature qui implique de ne pas chercher à tout prix un rendement maximum. Si la photosynthèse a un rendement faible, de 1 à 2 %, c’est parce que les végétaux rendent beaucoup d’autres services à la forêt pour assurer sa résilience. »

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Raconter le vivant sous toutes ses formes

En 2022, son équipe le convainc d’animer un compte LinkedIn, où il publie des notes de lecture et raconte le vivant sous toutes ses formes. « J’étais anti-réseaux sociaux, mais j’ai compris que ça pouvait m’aider à apprendre et à transmettre. J’en ai fait un exercice de réflexion et de partage de ce que je vis. Mon enjeu, c’est de conserver les conditions pour être adaptable, de garder un modèle vivant, le moins bureaucratique possible, de laisser les choses s’exprimer. Je n’ai pas envie de grandir au risque de dénaturer ma culture. »

Parcours

Antoine Denoix en 5 dates clés

2006 : Démissionne de son stage pour la quatrième fois

2010 : Création de Fifty five, agence de marketing digital

2014 : Rejoint AXA France et devient membre du Comex

2019 : Fonde AXA Climate après une période de doute

2023 : Lance la Butterfly School, pour former des professionnels au régénératif

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