Image

Après l’obsolescence programmée, place à la pérennité programmée ?

07/11/2023

« État, collectivités, entreprises, tous ont un rôle à jouer pour faire advenir cette économie du réemploi et de la fonctionnalité, qui préfère l’usage à la possession », insiste Nathalie Boyer, déléguée générale de l’association Orée. Aux entreprises de proposer des offres pour faire progresser des consommateurs tentés mais freinés par le prix.

C’est ce à quoi s’emploient Fnac-Darty et le groupe Adeo (Leroy Merlin, Weldom, etc.) qui, avec leurs indices Labo-Fnac et Home Index, ont anticipé l’entrée en vigueur de l’indice de réparabilité. Appliqué depuis le 1er janvier 2021 à certaines catégories[1] de produits en vertu de la loi AGEC, il sera remplacé dès 2024 par un indice de durabilité plus complet. Pour les deux enseignes, ces indices, tout comme le baromètre du SAV que publie Fnac-Darty depuis 2018, servent autant à piloter leur activité qu’à informer les consommateurs. « Même s’ils y prêtent encore peu d’attention, on plante une graine lors de l’achat », affirme Régis Koening, directeur Réparation et Durabilité de Fnac-Darty.

Autre innovation : les abonnements ou forfaits réparation proposés par Fnac-Darty et certains magasins d’enseignes du groupe Adeo (dont Leroy Merlin France), qui permettent d’envisager cette option à moindre coût. Selon l’Ademe, 81 % des Français ont une bonne image de la réparation, mais seulement 36 % y ont recours, en raison du prix qui freine 68 % d’entre eux. « Notre dispositif d’abonnement mensuel de réparation illimitée Darty Max a déjà séduit un million d’abonnés et concerne 12 millions de produits », se réjouit Régis Koening. 

Fierté des salariés et conquête de nouveaux clients

Adeo teste également la location et la seconde vie au sein du magasin Leroy Merlin de Blois. « Ces alternatives à la consommation de produits neufs redonnent du pouvoir d’achat au consommateur et ancrent des réflexes de consommation responsable », affirme Nathalie Dupuis, cheffe de projet business circulaires du groupe. L’enjeu pour les enseignes est de fiabiliser ces modèles d’affaires, notamment en exploitant ces offres comme des outils de fidélisation et de conquête. « Grâce à nos actions contre l’obsolescence des produits, nous espérons convaincre de nouveaux clients et compenser la baisse des volumes que cela induit par une progression de notre part de marché », détaille Régis Koening. 

Autre bonus : ces initiatives suscitent de la fierté parmi leurs salariés et accroissent l’attractivité de l’entreprise. 

La gestion des compétences représente un enjeu majeur, à la fois pour faire évoluer les métiers actuels mais aussi pour recruter. Fnac-Darty a d’ailleurs ouvert son propre centre de formation. 

Les multiples valeurs de l’économie circulaire

Pour le déploiement du label QualiRepar[2] prévu par la loi AGEC, il faudrait recruter 2 900 techniciens d’ici à 2027 sur l’ensemble du territoire. Aujourd’hui, 400 postes sont non pourvus et 20 % de la profession va partir en retraite. « Il faut redonner de l’attractivité à ces métiers porteurs de sens », insiste Nathalie Boyer. « Et revenir à des modèles séculaires fondés sur la réparation et le ré-emploi, qui doivent retrouver un sens économique ».

Car le jeu en vaut la chandelle. L’économie circulaire, qui repose notamment sur l’allongement de la durée de vie des produits, recèle en effet de nombreuses valeurs. En matière d’environnement, bien sûr, mais aussi d’innovation, de nouveaux modèles économiques, d’emplois, de compétitivité, etc. C’est ce qu’ont permis de démontrer les travaux issus du cycle de réflexion d’Orée « Économie circulaire et création de valeurs ».

 

[1] Smartphones, ordinateurs portables, téléviseurs, tondeuses à gazon, lave-linges, lave-vaisselles, aspirateurs, nettoyeurs haute-pression

[2] Le label QualiRepar vise à renforcer la confiance des consommateurs en garantissant la qualité des réparateurs 

Crédits : © Adobe Stock

PARTAGEZ CET ARTICLE