Célia Roussin : sa mission, sublimer l’intelligence végétale du raisin

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Le raisin est bien plus qu’un fruit : il est aussi une source de matières premières pour la mode, la parfumerie, les cosmétiques… En lançant Pépite Raisin, Célia Roussin veut rapprocher les vignobles de Champagne des industriels de ces secteurs, dans une vraie démarche d’économie circulaire. 

18/09/2023
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Un modèle économique et marketing à imaginer

Quand elle travaillait chez Veuve Clicquot, dans un poste de marketing, Célia Roussin avait rejoint un groupe de travail dédié à la réutilisation des pépins de raisin. Le raisin contient en effet des tannins et autres principes actifs utiles pour de nombreuses industries, comme les polyphénols, molécules aux vertus anti-âge connues depuis des siècles. « On dit que Louis XIV lui-même appliquait du vin vieilli sur sa peau pour la raffermir et la blanchir », sourit-elle. 
Le groupe de travail remporte alors plusieurs concours internes d’innovation lancés par LVMH, dont fait partie Veuve Clicquot. « C’était compliqué de faire aboutir nos projets parce qu’ils étaient éloignés du cœur de métier du groupe, explique-t-elle. J’ai senti qu’il y avait un modèle économique et marketing à imaginer. Et comme je viens d’avoir une petite fille, je me suis dit que c’était le moment de me lancer ! ».

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Sublimer l’intelligence végétale du raisin

Début 2023, cette jeune trentenaire décide de quitter son poste pour lancer Pépite Raisin, une entreprise à mission qui veut « sublimer l’intelligence végétale du raisin ». Son idée : créer « un comptoir d’économie circulaire autour des coproduits du raisin ». Ces coproduits sont les déchets issus de la fabrication du vin, auparavant envoyés au rebut. 

Ceux qui intéressent Célia sont les matières solides provenant de l’étape du pressurage de raisin : pépins, peaux et restes de grappes. Ils deviennent des matières premières de haute qualité qui peuvent servir à d’autres activités : polyphénols pour les cosmétiques, alcools pour la parfumerie, colorants naturels à base de tannins pour l’industrie de la mode. 

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De Cambridge à Lumiå

« Après douze années de marketing, je commençais à percevoir les limites du modèle économique linéaire, qui consomme beaucoup de ressources et pollue. Il faut le remettre en cause pour développer l’économie circulaire, faire revenir les produits dans un cycle grâce à la reverse logistique, bref, inventer des compétences qui n’existent pas. C’est une nouvelle gymnastique qui n’est pas enseignée dans les écoles de commerce ! »
Elle commence par suivre deux formations, l’une à l’université de Cambridge sur la circularité, et l’autre, pendant six mois, à Lumiå (Alpes-Maritimes), un centre de formation dédié à l’entreprise régénérative. « Ce modèle d’entreprise au service du vivant m’a tout de suite séduite. Il ne repose pas sur la consommation, mais sur d’autres moteurs, comme la fonctionnalité », poursuit-elle. 

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Marketing post-croissance

Concrètement, Célia veut jouer le rôle d’intermédiaire entre d’un côté, les industriels de Champagne qui collectent les coproduits du raisin, et de l’autre, les marques de cosmétique, de parfumerie et de mode en quête de matières premières. « Il manque un maillon entre ces deux mondes : l’un possède la technique et l’innovation, l’autre maîtrise la communication et le marketing. Pépite Raisin va accompagner les marques sur une méthodologie d’innovation circulaire, qui s’inscrit dans ce que la consultante Fanny Basteau (fondatrice de l’Oiseau Vert) appelle le marketing post-croissance, et viabiliser des débouchés à valeur ajoutée pour les coproduits du raisin. » 

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La première communauté d’upcycleurs du raisin

Six mois après le lancement, Célia a déjà signé plusieurs accords de confidentialité avec de grandes marques et des start-up. Et pour structurer la filière, elle a créé Raisins communs, la première communauté d’upcycleurs du raisin, qui cherchent des débouchés à leurs matières premières. 
Parmi les personnes qui l’ont inspirée, Célia Roussin cite Éva Sadoun, fondatrice de Lita.co, la plateforme d’investissement dans des entreprises à impact, et Marie Robert, philosophe et directrice d’écoles Montessori. Mais aussi Véra Kempf, créatrice de la galerie d’art numérique Singulart : « J’ai appliqué son meilleur conseil pour réussir : “ Choisissez bien la personne avec qui vous faites votre vie ”. Il se trouve que Louis, mon mari, me soutient à fond dans mon projet, c’est une chance inouïe ! ». 

Parcours

Célia Roussin,

1988 : naissance à Lyon 

2011 : diplôme du CELSA et entrée chez LVMH

2014 : départ aux États-Unis pour LVMH

2022 : formation à « l’entreprise régénérative » chez Lumiå et Entrepreneurs d’avenir 

2023 : création de Pépite Raisin 

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