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Les petites villes, la bonne échelle pour une population vieillissante

20/11/2023

Le vieillissement de la population est un phénomène massif qui va aller croissant dans les prochaines décennies. Si elles sont particulièrement concernées, les petites villes sont aussi bien outillées pour répondre à ces enjeux, comme le détaille Christophe Bouillon, président de l’Association des petites villes de France (APVF).

900 000 personnes de plus, âgées de 65 à 74 ans ; 2 millions de 75 à 84 ans. C’est ainsi que va se traduire le vieillissement de la population sur la décennie 2020-2030, selon l’Association des petites villes de France (APVF). « Cette vague grise impacte toutes les politiques publiques, avec d’autant plus de force que cette transition démographique est étroitement imbriquée aux transitions numérique et climatique », souligne Christophe Bouillon, président de l’APVF. Cette évolution implique d’aménager non seulement les logements, mais le cadre de vie dans son ensemble. Collectif, le défi concerne à la fois l’État, les entreprises et les collectivités locales.

 

Les petites villes en première ligne

En juin dernier, en partenariat avec France Silver Éco, qui anime les acteurs de l’économie répondant aux enjeux du vieillissement, et dont le président Luc Broussy a publié en 2021 80 propositions pour un nouveau Pacte entre générations, l’APVF a consacré un guide à ce sujet. C’est que les petites villes sont particulièrement concernées. Pour 10,9 % de seniors en Seine–Saint-Denis, il y en a 28,8 % dans la Creuse, et cet écart va s’accentuer. Avec l’âge, ceux qui vivaient dans des maisons en zones rurales ou périurbaines veulent s’installer en ville, mais pas forcément dans des métropoles. 

La proximité avec leurs habitants permet à ces collectivités de 2 500 à 25 000 habitants, dotées de commerces et de services, d’identifier les personnes concernées pour mettre en place des services adaptés. Leur population est suffisante pour envisager une offre de mobilité et pour justifier des regroupements de médecins. De nombreux projets de petit habitat collectif ou de résidences seniors contribuent à redensifier leurs centres-villes. « Cette redensification, soutenue par le programme “Petites villes de demain, répond à la fois aux enjeux du ZAN (Zéro artificialisation nette), de la redynamisation de ces bourgs et du vieillissement », souligne Christophe Bouillon.

 

Un marché et des opportunités d’innovation

Dans ce contexte, « l’adaptation des équipements ne concerne pas seulement les pouvoirs publics ». Le « virage domiciliaire », qui consiste à maintenir autant que possible les personnes âgées à domicile, représente aussi un marché prometteur pour les entreprises. Les enjeux liés au vieillissement leur offrent une formidable opportunité d’innovation. « Qui dit adaptation dit souvent domotique, souligne Christophe Bouillon, mais d’autres secteurs sont concernés. » Et de citer le concepteur et fabricant de luminaires Lucibel, qui a mis au point une lumière orange permettant d’éviter les chutes nocturnes tout en favorisant le ré-endormissement. 

Autre enjeu de taille : la réduction de la fracture numérique, qui passe par des espaces dédiés, mais aussi par des coffres-forts numériques, « dans lesquels La Poste joue le rôle de tiers de confiance, insiste le président de l’APVF. L’implantation des postiers sur tout le territoire leur permet en outre de remplir des missions visant à rompre l’isolement social » (voir encadré).  

Pour les villes, le financement est un enjeu qui ne concerne pas seulement la prise en charge, mais aussi l’innovation et l’adaptation du cadre de vie. « Mais tout investissement concourant au maintien à domicile des personnes âgées en toute sécurité est rentable pour la collectivité », insiste Christophe Bouillon.

Un rôle majeur pour concrétiser les politiques publiques d’action sociale

Identifier les besoins, détecter les fragilités, participer à la lutte contre l’isolement et la fracture numérique, installer des équipements de sécurité pour prévenir les chutes, délivrer des services de proximité comme le portage à domicile de médicaments, repas ou espèces…. Forte de son réseau de proximité et de son image de confiance assurée par ses 62 000 facteurs, La Poste est particulièrement bien positionnée pour aller au-devant des populations les plus fragiles. Grâce à ses accompagnants, des postiers formés en gérontologie dédiés à ces nouvelles activités, elle joue un rôle majeur dans la prévention de la perte d’autonomie et de la lutte contre l’isolement et le déploiement des politiques publiques Grand Âge, Santé et Autonomie.

Légende photo : La tablette Ardoiz, dotée de nouvelles fonctionnalités (agrandissement, commande vocale), distribuée et mise en service par des postiers, favorise l’inclusion numérique des seniors.

Crédits : © Adobe Stock

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