Yasmine Dahmane : contre le tout jetable, la consigne intelligente

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La restauration collective produit beaucoup de contenants jetables, un gâchis qui pourrait être évité en rétablissant une forme de consigne. C’est l’objectif de BIBAK, une solution de consigne industrielle cocréée par Yasmine Dahmane, qui mixe data et fintech et a déjà séduit plusieurs grands groupes et même des festivals. En 2023, BIBAK a levé 6 millions d’euros pour se développer. 

16/10/2023
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BIBAK, une solution de consigne industrielle

« Dans les restaurants d’entreprises, les consommateurs génèrent tous les jours des déchets, c’est une aberration ! », s’enflamme Yasmine Dahmane. Un énorme gâchis de matières premières auquel elle veut mettre fin avec BIBAK, une entreprise qu’elle a cofondée avec son associé Lucas Graffan, en 2018. 

BIBAK, c’est une solution de consigne industrielle qui s’appuie sur deux piliers. Le premier assure la traçabilité des contenants réutilisables, en les équipant d’un QR code unique. Le deuxième, l’innovation majeure de BIBAK, est une solution de « cashback » : chaque utilisateur d’un contenant peut être remboursé sur le moyen de paiement de son choix, badge d’entreprise dans la restauration collective ou carte de crédit dans la restauration commerciale. 

Concrètement, les consommateurs se débarrassent de leurs contenants en les scannant dans une borne de collecte munie d’un lecteur de QR code, et leur carte bancaire est instantanément créditée du montant de la consigne. « Nous sommes les seuls à proposer cette solution de cashback sur carte bancaire, qui peut s’appliquer aussi bien à la restauration collective qu’aux événements. Nous l’avons testée au festival So Good à Marseille, mi-septembre, c’était simple et fluide, et nous avons pu éviter des milliers de contenants. »

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J’ai appris les qualités indispensables de l’entrepreneur : la résilience et l’optimisme.

BIBAK est un tournant dans la vie de Yasmine, qui avait commencé sa carrière bien loin des préoccupations environnementales. « Quand je suis sortie de l’école, il y a quinze ans, la tendance, c’était plutôt de commencer dans de grands groupes, et à 20 ans, on n’est pas assez mature sur ce qu’on a envie de donner à la société. Je ne savais qu’une seule chose : je voulais de l’exotique, tout sauf bosser à La Défense ! » 

Elle a été servie : une fois diplômée de Centrale Supélec, elle postule chez Schlumberger qui, au bout de neuf entretiens, l’envoie illico sur une plateforme au Turkménistan, le quatrième producteur mondial de gaz et aussi l’un des pays les plus fermés. « Je ne connaissais rien à ce pays, c’était l’expérience d’une vie ! Mais il y avait un couvre-feu et je ne pouvais rien faire sans être escortée, se souvient-elle. C’est là-bas que j’ai appris les qualités indispensables de l’entrepreneur : la résilience et l’optimisme. Il ne faut jamais rien lâcher. »

Travailler dans le secteur pétrolier lui ouvre aussi les yeux sur les dégâts de cette industrie sur l’environnement. « Au départ, je voulais comprendre pourquoi cette source d’énergie contribuait tant au développement économique. Mais j’ai eu un vrai déclic en voyant en direct la catastrophe écologique de ce modèle. » 

Au bout de quatre ans, Yasmine quitte le pétrole, fonde un mouvement politique avec quelques amis pour les élections régionales de 2015 en Île-de-France. L’aventure tourne court, mais pendant la campagne électorale, elle découvre la question des déchets. « J’ai compris que c’était un problème colossal en Île-de-France, et encore pire ailleurs. J’ai eu envie de porter un projet d’entreprise dans ce domaine, et pour consolider mon background business, j’ai fait un détour de deux ans et demi chez McKinsey. » 

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BIBAK lève 6 millions d’euros en 2023 pour son développement

Cinq ans après son lancement, BIBAK emploie 50 personnes et a levé 6 millions d’euros en 2023 pour se développer. « À ce jour, nous avons évité 2,5 millions d’emballages ! 50 % de nos clients sont dans les territoires et nous travaillons avec Quick, Sodexo, le Parc Astérix, des entreprises du CAC 40 comme Société Générale et Crédit Agricole, et aussi des événements comme Roland-Garros, We Love Green… »

Parmi les lectures qui ont inspiré Yasmine, elle cite L’homme qui voulait être heureux (Pocket, 2010), roman philosophique de Laurent Gounelle. « Cette lecture a été pour moi un “wake up call”, j’ai adoré sa vision très spirituelle de la vie, et je m’en nourris. »

Parcours

Yasmine Dahmane,

1989 – Naissance à Paris

2012 – Mission au Turkménistan

2015 – Candidature aux élections régionales

2018 – Fondation de BIBAK

2021 – Naissance de sa fille

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