À la fois valeur inestimable et espace de l’intime, le temps est aujourd’hui évalué pour être monétisé. À force de comptabiliser cette donnée, quelle société sommes-nous en train de fabriquer ? Troubles de l’attention, épuisement mental, état permanent d’hypervigilance font désormais partie de notre vocable quotidien alors que les discours de marques concourent à la valorisation de notre bien-être et de notre développement personnel. Cette dichotomie vient se nicher jusque dans nos choix de citoyens éclairés. Faire le tri entre les idées, les données et les opinions est un exercice mis à mal par le flux d’informations qui parvient chaque jour à nos cerveaux de plus en plus incapables de discerner l’utile du superflu, la vérité de l’hypothèse compte tenu du volume des contenus auxquels nous sommes exposés. La crise sanitaire que nous traversons nous confronte plus que jamais à notre interdépendance. Au-delà de l’économie de l’attention, allons vers une économie de l’empathie. Là où la responsabilité sociale des entreprises viendrait fonder l’ensemble de la chaîne de valeur dont la cohérence serait servie par un dispositif éditorial conscient et donc responsable de ses effets sur nos capacités cognitives.