Consigne, location, occasion… Les nouveaux services « verts » qui enrichissent la relation
07/01/2021Vendre des produits neufs ne suffit plus à faire venir les clients en magasin. Pour élargir le socle de la relation, les enseignes expérimentent de nouveaux services, et même de nouveaux business models, à la fois plus écoresponsables et permettant de fidéliser les consommateurs. Les bonnes pratiques de Decathlon, Carrefour, Monoprix, Veja…
1Decathlon teste en Belgique la location de presque tous ses produits
Depuis la mi-novembre en Belgique, l’enseigne de sport propose à la location la quasi-totalité de ses références. « Tous les produits de plus de 25 €, hors chaussures de sport orthopédiques et matériel de sécurité, sont concernés », précise L’ADN. L’expérience est menée dans 6 des 37 magasins belges de Decathlon auprès d’un panel de 400 clients volontaires. Moyennant un abonnement de 5 € par mois, ils peuvent louer 40 000 références d’articles de sport.
Le prix de la location est dégressif en fonction de la durée. Une tente de camping d’une valeur neuve de 300 € est par exemple louée 50 € le premier mois, puis 21,43 € du deuxième au sixième mois, et ainsi de suite. Quand la tente aura été amortie, le prix baissera encore : elle ne sera plus louée que 10 € le premier mois et 4,29 € du deuxième au sixième mois.
« Cette phase de test va durer six mois permettant d’étudier la typologie des produits les plus loués, pour combien de temps, et avec quelle rotation », explique Luc Teerlinck, responsable de ce projet baptisé « We play circular ». C’est un nouveau business model qu’explore Decathlon, apportant aux clients l’usage d’un produit tout en luttant contre le gaspillage, nombre d’articles de sport dormant dans les placards après une utilisation éphémère.
« Cela permet aussi à chacun de tester des sports sans investir dans du matériel », ajoute Luc Teerlinck. Autre vertu de ce système : il incite à concevoir des produits durables. Plus un article à une durée de vie longue, plus il peut être loué longtemps et générer des revenus.
Si le test est concluant, l’initiative devrait être rapidement déployée sur l’ensemble de la Belgique, ainsi qu’en France. Decathlon propose déjà chez nous la location de vélos et d’articles pour le trekking et le camping. L’enseigne est friande d’innovations testées sur le terrain. C’est ce que nous décrivait dans une interview Valentin Matura, le directeur du magasin de Lyon-Confluence : Comment Decathlon réenchante la relation client dans son nouveau magasin à Lyon.
2La consigne revient chez Carrefour
Va-t-on voir fleurir dans les supermarchés des rayons dédiés aux produits consignés ? C’est le pari que fait Carrefour en déployant dans une dizaine de ses magasins City à Paris des espaces consacrés à Loop. Cette startup spécialisée dans le zéro déchet a convaincu 21 grandes marques de mettre au point des emballages réutilisables au moins 10 fois : Danone, Ricoré, Nesquik, Coca-Cola, Nivea Men, Maison Verte, Puget, etc.
D’abord lancé en e-commerce dans plusieurs pays dans le monde, ce projet s’implante pour la première fois en magasin grâce à Carrefour. Des corners proposent ainsi une sélection de produits dans des emballages consignés, avec un prix augmenté de quelques centimes pour une bouteille en verre, jusqu’à 4 euros pour une boîte de Chocapic durable en métal. Le client sera remboursé de la consigne lorsqu’il ramènera l’emballage dans un bac dédié en magasin. Le remboursement s’effectue via l’appli Loop après avoir scanné un code-barres.
D’après Challenges, environ 10 % des clients entrés dans un des magasins Carrefour concernés se sont déjà laissé séduire par un produit Loop. La tendance pourrait s’accélérer sous l’effet d’une loi anti-gaspillage qui entre en vigueur en ce début 2021, visant à favoriser le recyclage et le réemploi.
Outre Carrefour, Loop vient d’officialiser de nouveaux partenariats avec McDonald’s pour ses tasses de boissons chaudes, et Burger King pour tous ses emballages. « En discussion avec d’autres distributeurs, la startup espère ouvrir une centaine de points de collecte en France d’ici un an », poursuit le magazine Challenges qui en vient à rêver d’un futur idéal pour le réemploi des emballages : « Fin 2021, un consommateur pourrait donc faire ses courses Loop dans un Carrefour City, ramener ses pots de yaourts en verre à McDo, y commander une boisson chaude dans une tasse réutilisable qu’il pourra rapporter à Burger King avec les emballages d’un précédent repas ».
3Monoprix installe des stations-service pour vélos devant ses magasins
Entièrement repensé en 2020 pour séduire une clientèle urbaine, le Monoprix de Montparnasse à Paris vient d’ajouter une nouvelle palette de services sur le thème des mobilités douces. Avec ce projet dénommé La Station, « nous voulons devenir incontournables dans le quotidien des cyclistes, comme une station de métro pour un piéton », revendique dans LSA Maguelone Paré, directrice concept et innovation de l’enseigne.
La Station se décline en trois volets permettant de générer du trafic et du chiffre d’affaires additionnel. Cela commence devant le magasin avec l’installation d’une station-service pour deux-roues. Les cyclistes y profitent gratuitement d’une pompe à vélo et de tous les outils nécessaires pour réparer et entretenir leur vélo. Une trentaine de « Stations » devraient être installées devant d’autres Monoprix en 2021.
Le deuxième volet se trouve à l’intérieur du magasin, avec une sélection de produits liés aux mobilités douces : casques, gants, capes de pluie, éclairages, etc. L’offre se veut fashion et tendance, « dans l’esprit Monoprix », souligne Maguelone Paré. Troisième volet : des partenariats pour apporter encore plus de services. L’enseigne va notamment proposer grâce à la startup Dott des locations de trottinettes électriques en libre-service, avec une remise sur le prix de l’abonnement. « Nous voulons devenir la référence de la mobilité en centre-ville », pointe Maguelone Paré.
4Monoprix et le vélo (2) : 100 vélos cargos remplacent les camionnettes de livraison
Pour partager des valeurs communes avec ses clients, Monoprix « verdit » aussi ses modes de fonctionnement. Grâce à un partenariat avec Stuart, filiale du Groupe La Poste, 100 vélos cargos électriques sont venus compléter en décembre 2020 le dispositif de livraison de l’enseigne dans la capitale. Désormais, Monoprix propose des livraisons totalement écologiques au départ de ses 53 magasins parisiens, soit à pied, soit à vélo cargo.
« 80 % des livraisons étaient déjà effectuées à pied pour les trajets de moins d’un kilomètre », explique l’enseigne dans un communiqué. Les vélos cargos viennent remplacer les véhicules utilitaires électriques qui intervenaient sur les plus grandes distances. Fabriqués par l’entreprise française K-Ryole, ils peuvent transporter jusqu’à 250 kilos.
« Grâce à leur capacité d’emport de 1,3 m3 couplée aux algorithmes d’optimisation de tournées de livraison développés par Stuart, nous prouvons l’efficacité de ce moyen de transport qui peut aisément se substituer aux véhicules thermiques, pour le plus grand bien de nos centres-villes », fait valoir Paul-Ambroise Archambaud, président de Stuart. « Proposer avec Stuart des livraisons Monoprix 100 % vertes dans Paris intra-muros, c’est un élément de fierté pour nos collaborateurs et une réponse aux attentes de nos clients », souligne de son côté Jean-Paul Mochet, Président du Groupe Monoprix et de Franprix.
5Dans ses magasins, Eram remet en état les chaussures d’occasion pour les revendre
À peine imaginable il y a encore 2 ans, la vente de produits d’occasion grignote de plus en plus de place dans les magasins, au détriment de la vente de produits neufs. Parmi les dernières initiatives en date, celle d’Eram. Dans trois de ses magasins, les clients peuvent trouver des modèles d’occasion, et aussi venir vendre leurs chaussures, quelle que soit leur marque.
François Aspe, codirecteur de la marque Eram, explique à Fashion Network : « Eram n’intervient pas seulement comme un intermédiaire entre le vendeur et l’acheteur de chaussures de seconde main : l’idée est d’apporter un service et une valeur ajoutée, en tant qu’enseigne facilitant le quotidien. À savoir de nettoyer, hygiéniser, redonner de la souplesse, cirer et imperméabiliser ces chaussures d’occasion avant leur mise en vente dans la boutique ».
Cette remise en forme s’effectue en magasin, devant les clients, autour d’un meuble façon « mini-cordonnerie » (photo ci-dessus). Ce qui permet à la marque de revendiquer son savoir-faire. 40 à 50 boutiques du réseau pourraient à terme proposer ce service. Le vendeur est rémunéré soit en cash, soit en bons d’achat Eram abondés de 30 %.
6Veja place la réparation des vieilles baskets au cœur de son « magasin du futur »
La marque française de baskets écologiques et équitables a ouvert à Bordeaux, dans la friche urbaine réhabilitée de Darwin, ce qu’elle qualifie de « magasin du futur ». Veja y vend peu de chaussures neuves, préférant tester de nouveaux services autour de son adage : « Les baskets les plus écologiques sont celles que vous portez déjà ». En toute logique, la marque a donc installé une cordonnerie pour réparer les vieilles baskets, avec des prix allant de 5 € à 50 €.
« Souvent, les gens n’imaginent pas pouvoir faire réparer leurs baskets car ils ne font pas le lien entre cordonnerie traditionnelle et sneakers, explique à 20 Minutes la cordonnière Nadège Lada. Dans la majorité des cas, ma prestation tourne autour du nettoyage et du remplacement des glissoires – la pièce de doublure à l’arrière du talon – ce qui va tourner autour de 35 €. Mais parfois cela peut être plus cher, c’est alors au client de faire son choix, sachant que certains sont très attachés à leur paire. Parfois, il vaut mieux faire réparer une paire dans laquelle on est bien, plutôt que d’en acheter une neuve. »
Pour les baskets qui ne peuvent pas être réparées, le magasin propose un point de collecte afin de les recycler. Le client reçoit alors un bon de réduction de 10 % sur une paire à acheter en boutique. Mais dans ce « magasin du futur », il ne trouvera pas les derniers modèles de Veja. La marque y propose ses anciennes collections ainsi que des baskets retournées par les clients en raison de légers défauts (rayures, accrocs…). Elles sont ici mises en vente avec des réductions comprises entre 30 % et 50 %.
7Hubside Store veut ouvrir 100 magasins dans l’année en alliant « écologie et économie »
Connaissez-vous l’enseigne Hubside Store ? Ce distributeur français de produits high tech est tout récent et affiche de grandes ambitions. Il a déjà ouvert dix magasins depuis l’été 2020. D’après LSA, il prévoit d’en ouvrir 100 autres d’ici un an, et 500 en Europe d’ici trois ans.
Pour séduire les consommateurs, Hubside Store ne mise pas uniquement sur des produits multimédias neufs (smartphones, tablettes, téléviseurs…), mais aussi sur leurs versions reconditionnées : des produits d’occasion remis en état, vérifiés et garantis. Le type de produits que propose par exemple le site Back Market, mais que les clients peuvent ici venir voir et toucher pour s’assurer de leur bon état. « Allier écologie et économie : c’est cette conviction que nous mettons en œuvre chaque jour », affirme Hubside Store, qui reprend également les appareils anciens contre des bons d’achat. L’enseigne propose aussi de louer le matériel high tech, qu’il s’agisse de home cinéma, de trottinette électrique, ou encore de drone.
Le fondateur de Hubside Store, Sadri Fegaier, est par ailleurs l’un des principaux actionnaires de Fnac Darty. Avec ce nouveau projet, il explique dans Le Point vouloir « rendre la technologie accessible à tous et favoriser une consommation responsable en donnant une nouvelle vie aux objets, en œuvrant pour l’économie circulaire et en luttant contre l’obsolescence programmée ». Un programme ambitieux mais qui devient nécessaire pour répondre aux attentes des consommateurs.