Les émoticônes, nouveau vocabulaire interactif des marques

09/07/2015

6 milliards d’émoticônes s’échangent chaque jour dans le monde via les applications de messagerie comme Facebook Messenger ou WhatsApp. Il faut y ajouter, bien sûr, tous les envois de ces petits pictogrammes par SMS et sur les réseaux sociaux. Pour les marques, c’est un nouveau champ de communication permettant d’entrer dans la conversation des consommateurs. Apparaissent aussi de nouvelles formes d’interactions, notamment pour commander et payer d’un simple tweet. Etat des lieux.

1Chevrolet diffuse le premier communiqué de presse entièrement rédigé en émoticônes

Pouvez-vous déchiffrer le message ci-dessus ? Il s’agit du premier communiqué de presse entièrement rédigé en émoticônes, assure Chevrolet. Le constructeur automobile l’a diffusé le 22 juin pour accompagner la sortie imminente de son tout dernier modèle, la nouvelle Chevy Cruze. « Les mots seuls ne peuvent décrire la nouvelle Chevrolet Cruze », a justifié la marque, qui mettait au défi les réseaux sociaux de déchiffrer ce message diffusé avec le hashtag #ChevyGoesEmoji.

L’initiative a permis d’animer Facebook et Twitter avant la présentation officielle de la Chevy Cruze version 2015, contribuant à un positionnement actuel et convivial. C’est un segment sur lequel le constructeur joue gros : le premier modèle Chevy Cruze lancé en 2008 est la Chevrolet la plus vendue dans le monde, avec 3,5 millions de véhicules écoulés. Quelques jours après, Chevrolet donnait la traduction de son communiqué (essentiellement une description de la Chevy Cruze), disponible ici.

Plus d’infos : Brandchannel

2McDonald’s, Mentos, Burger King, Ikea... déploient leur application d’émoticônes

Plébiscités par les internautes, les émoticônes sont devenues un des piliers de la communication digitale. Elles sont, par exemple, désormais présentes dans près de la moitié des commentaires laissés sur Instagram. Selon une étude réalisée par ce réseau social, les émoticônes seraient en train de remplacer les acronymes tels que LOL et MDR. Swyft Media, une agence spécialisée dans la création d’émoticônes, estime que 6 milliards d’émoticônes s’échangent chaque jour via les applications de messagerie instantanée comme WhatsApp, Facebook Messenger, Viber, WeChat, Line… Et encore faut-il y ajouter les émoticônes envoyées par SMS, postées sur les réseaux sociaux, utilisées dans les forums, etc.

C’est un nouveau théâtre d’opérations qui s’est ouvert pour les marques, de plus en plus nombreuses à proposer leurs propres émoticônes au travers d’applications mobiles à télécharger gratuitement. Objectif : rentrer véritablement dans la conversation des consommateurs en leur proposant des pictogrammes qui enrichissent leurs échanges numériques.

Aux Etats-Unis, Burger King a créé au printemps dernier une série d’émoticônes pour accompagner le retour dans ses restaurants d’un produit populaire, les Chicken Fries (frites de poulet). L’enseigne a lancé une application proposant des dizaines de représentations de ces paquets de frites en train de rire, pleurer, faire un clin d’œil, etc. Résultat ? 3,6 millions de ces émoticônes de Chicken Fries auraient été échangées par des fans de Burger King, d’après l’agence qui a monté l’opération.

Partout dans le monde, les initiatives se multiplient. McDonald’s conçoit des émoticônes de ses hamburgers, milkshakes et autres produits. Footlocker imagine 84 versions de sneakers. Mentos illustre des émotions à partir de personnages à tête de bonbons. Ikea propose des pictogrammes pour aider les couples à communiquer, etc.

Le marché est tel que se développent des agences de communication dédiées à la réalisation de campagnes à partir d’émoticônes, comme Snaps ou Swyft Media aux Etats-Unis. Cette dernière aurait été rachetée 27 millions de dollars en début d’année par Monotype, une entreprise spécialisée à l’origine dans la création de fontes de caractères pour l’impression…

Plus d’infos : Digiday

3Une pétition de Taco Bell pour que le taco devienne une émoticône universelle

Fin 2014, la chaîne de restaurants Taco Bell a lancé une pétition sur le site change.org pour que le taco devienne une des émoticônes reconnues par Unicode. Il s’agit du système de codage universel qui permet de représenter tous les caractères des différentes langues. Il compte environ un millier d’émoticônes, une liste qui est régulièrement mise à jour.

« Pourquoi les fans de pizzas et de hamburgers auraient-ils leur émoticône, mais pas les fans du taco ? », faisait valoir le texte de la pétition, qui a recueilli 33 000 signatures. Il est difficile de mesurer l’impact réel de cette campagne auprès du consortium qui gère le standard Unicode (le taco avait déjà été présélectionné avant le lancement de la pétition). Toujours est-il que le taco a été retenu, le 16 juin dernier, parmi les 37 nouvelles émoticônes d’Unicode 8.0, aux côtés de la licorne, de la dinde, du popcorn, du hotdog, etc. Il faut maintenant qu’Apple et Android donnent une traduction graphique à ce code. Mais l’émoticône taco est d’ores et déjà associée à l’enseigne Taco Bell.

Plus d’infos : QuartzChange.org

4Une chaîne de restaurants célèbre la fête nationale canadienne avec des émoticônes symbolisant le Canada

A l’occasion de la fête nationale canadienne, le 1er juillet dernier, la chaîne de restaurants Tim Hortons a réalisé une série d’émoticônes évoquant le pays. Disponibles via une application gratuite à télécharger, les pictogrammes représentent un élan, un castor, une feuille d’érable, l’expression « Eh » dont semblent friands les Canadiens (« tsé ? » pour les francophones), etc. Sans oublier un gobelet aux couleurs de l’enseigne, qui est un peu l’équivalent canadien de Starbucks. Une campagne relayée sur Twitter avec le hashtag #TextLikeaCanadian.

Plus d’infos : Brandchannel

5Les New Yorkais peuvent commander et régler leur repas en tweetant simplement une émoticône

Le mois dernier, nous expliquions comment Domino’s Pizza permettait, aux Etats-Unis, de passer commande simplement en envoyant l’émoticône pizza sur Twitter. Une start-up s’est inspirée de cette initiative pour aller encore plus loin : elle propose tout un menu en émoticônes, qu’il suffit de tweeter pour commander, payer et se faire livrer.

L’entreprise s’appelle Fooji (contraction de Food et d’Emoji, émoticône en japonais) et a démarré son activité fin juin à Manhattan. Première étape avant de pouvoir passer commande : créer un compte où l’on indique son adresse de livraison et ses coordonnées bancaires. Le client découvre alors le menu, avec une émoticône associée à chaque plat (ci-dessus). Pour simplifier la commande, tout est au même prix, 15 dollars, incluant taxes et service, ce qui est assez rare aux Etats-Unis, mais permet, ici aussi, de faciliter la transaction : la seule action du client se limite à tweeter l’émoticône de son choix vers le compte @GoFooji.

Le fonctionnement de Fooji repose sur un autre principe fort : l’entreprise ne réalise pas elle-même les repas. Elle fait appel à des restaurants locaux avec lesquels elle négocie des plats pouvant être vendus 15 dollars au client.

C’est le principe d’Allo Resto (ou aux Etats-Unis du service équivalent, Seamless) qui permet de passer commande à partir d’un très grand nombre de restaurants. Mais Fooji y apporte une part de surprise, puisque le client ne choisit pas l’établissement d’où viendra sa commande. Cet effet de surprise est revendiqué par les créateurs de Fooji, qui y voient le moyen de séduire des consommateurs en quête de découverte et d’inattendu. Fooji permet même de commander un plat totalement à l’aveugle, en tweetant une émoticône représentant juste un couteau et une fourchette : arrive alors le plat le plus commandé de la journée.

Plus d’infos : ABCFoojiCommander une pizza chez Domino’s en tweetant une émoticône

6Le WWF utilise les émoticônes comme promesses de don

Les émoticônes permettent bien des interactions. Dans une campagne lancée sur Twitter en mai dernier avec le hashtag #EndangeredEmoji (émoticônes en danger), le WWF les utilise pour susciter des promesses de don, dans un usage comparable au numéro de téléphone 3637 du Téléthon, par exemple. A l’origine de cette initiative née au Royaume-Uni, un constat : parmi les émoticônes « officielles », faisant partie du standard Unicode, 17 représentent des espèces en voie de disparition. Le panda géant, le tigre de Sumatra, le dauphin Maui, etc. L’idée : proposer aux internautes de verser 0,1 € (ou plus) à chaque fois qu’ils utilisent une de ces émoticônes sur Twitter.

Comment ça marche ? Pour entrer dans la démarche, un internaute doit d’abord retweeter l’image des 17 espèces en danger publiée par le WWF sur son compte (ci-dessus). Ensuite, à chaque fois qu’il utilisera une de ces émoticônes sur Twitter, le WWF lui enverra en fin de mois un décompte reprenant le nombre de tweets, une émoticône correspondant à une promesse de don de 0,1 €, ou 0,1 £. L’internaute est libre de verser plus (ou de se désinscrire), et peut donner par carte bleue, Paypal, etc. Fin juin, 32 000 personnes avaient retweeté le message #EndangeredEmoji.

Plus d’infos : AdWeek

7Des émoticônes pour aider les enfants à dénoncer les mauvais traitements

Une association suédoise, Bris, propose un usage inattendu des émoticônes : les utiliser pour aider les enfants maltraités à exprimer les problèmes qu’ils rencontrent. Elle a créé une application mobile comprenant des représentations de situations de violence ou de mal-être : un petit garçon ou une petite fille avec un œil au beurre noir, un parent qui boit, un adulte qui rôde autour, etc. Les enfants peuvent ainsi faire passer un message ou lancer un SOS sans avoir à trouver les mots pour exprimer la situation.

Plus d’infos : PSFK

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