
Mon centre-ville 2030 : redonner du souffle aux cœurs urbains par l’action collective
L’expérimentation Mon centre-ville 2030, menée par l’Agence nationale de la cohésion des territoires (ANCT) dans cinq villes pilotes, met en lumière les défis structurels des centres-villes : vacance commerciale, mutation du commerce, transition écologique, vieillissement démographique. Le rapport propose des pistes concrètes, dont des loyers modérés, des coopérations locales et une régulation foncière.
La désertification des centres urbains n’est plus une menace lointaine, elle se vit au quotidien. Rideaux baissés, rues silencieuses, commerces disparus, le constat est clair. Dans ce contexte, Mon centre-ville 2030, porté par l’ANCT dans le cadre du plan Action cœur de ville, se présente comme une expérimentation stratégique. Le rapport de septembre 2025 indique qu’en dix ans, le taux moyen de vacance commerciale dans les centres-villes français est passé de 6% à 14%, un signal d’alerte mais aussi un levier d’innovation.
L’expérimentation se concentre sur cinq villes pilotes – Angoulême, Redon, Mâcon, Douai et Cosne-Cours-sur-Loire – représentatives de différents contextes géographiques et économiques. Le but n’est pas simplement d’attirer des enseignes, mais de repenser la centralité urbaine pour ajuster les usages et réinventer le rôle social et commercial du centre-ville.
La nature des commerces évolue, avec un déplacement progressif des offres d’achat de biens vers des services, tandis que l’e-commerce continue de modifier profondément les comportements d’achat. Parallèlement, les villes pilotes font face à une transition démographique. Le vieillissement de la population accroît les demandes de services de proximité, influence les horaires, les modalités d’accès, voire les usages de l’espace public. Enfin, la transition écologique est identifiée comme un défi incontournable. Il s’agira de mieux adapter les centres aux enjeux climatiques, de penser l’ombrage, les îlots de fraîcheur, les mobilités douces, de repenser l’espace public et les déplacements.
Les ateliers participatifs menés localement révèlent que la dynamique « tout shopping » du passé laisse place à des centres hyper serviciels, voire en repli résidentiel sur certains axes. Ce constat appelle à repenser l’organisation du centre-ville à deux niveaux. Sur le plan économique, il s’agit d’éviter la mono-activité (notamment celle de la restauration), de soutenir la diversité commerciale (marchés non sédentaires, commerces indépendants) et de limiter la concurrence des périphéries. Spatialement, le rapport recommande de réinventer le circuit marchand pour favoriser des « aires de services », intégrant commerces, rencontres, repos et services publics et sociaux, plutôt qu’un modèle centré seulement sur la consommation.
Le rapport met aussi en lumière des surprises dans les usages : à Nancy, les commerçants estiment que 77% de leur clientèle vient en voiture, alors que le chiffre réel est de 35%. En moyenne, 46% des clients se rendent au centre à pied ou à vélo, soulignant l’importance de repenser l’espace public et les flux.
La démarche participative recommande ainsi d’impliquer davantage les propriétaires de murs commerciaux et de renforcer la gouvernance locale, rassemblant collectivités, commerçants et habitants. Ces constats sont à ce stade des pistes prioritaires pour garantir la résilience et l’attractivité urbaine vers 2030.
Pourquoi c’est intéressant ?
La revitalisation des cœurs de ville ne peut plus reposer sur un seul acteur. En rassemblant collectivités, entrepreneurs et citoyens autour d’un projet commun, Mon centre-ville 2030 prouve que le commerce de demain sera collectif, coopératif et ancré – un terrain fertile pour les acteurs prêts à innover localement
Sources : https://anct.gouv.fr - https://www.banquedesterritoires.fr
Crédit photo : ©Adobe Stock
VOUS POURRIEZ ÉGALEMENT AIMER


