Le commerce connecté devient vraiment mobile !
08/03/2018À l’heure de Snapchat, d’Instagram et du smartphone tout-puissant, des démarches innovantes se multiplient pour venir à la rencontre des clients… en camion ! Amazon revisite notamment les techniques de vente des camelots, en version connectée. Et Toyota imagine des cabines d’essayage autonomes, qui se déplaceront jusqu’au domicile des clients. En voiture !
1Amazon réinvente le métier de camelot sur les parkings de Whole Foods
Le géant du e-commerce est bien décidé à tisser toutes les synergies possibles avec Whole Foods, l’enseigne de 473 supermarchés bio qu’il a achetée 13,7 milliards de dollars l’an dernier. Dernier épisode en date : depuis la fin janvier 2018, Amazon a lancé une flotte de camions à l’assaut des parkings de Whole Foods pour y vendre des produits à prix bradés. Sous le nom de « Treasure Hunt » (chasse au trésor), ce programme reposant sur des offres événementielles a débuté avec une promo de 30 % sur un modèle réputé d’autocuiseur, Instant Pot.
Le dispositif « Treasure Hunt » n’est pas nouveau en soi. Amazon l’a créé en février 2016 aux États-Unis. Le principe : les clients d’Amazon s’inscrivent en ligne pour être prévenus du passage d’un camion près de chez eux. Avec chaque jour, une promotion différente, comme une caméra GoPro vendue aux deux-tiers de son prix. Les clients achètent le produit via l’appli d’Amazon et viennent le récupérer là où se trouve le camion.
Désormais, ces camions « Treasure Hunt » s’arrêteront donc sur les parkings des supermarchés Whole Foods. Et les clients qui succomberont à la promo du jour bénéficieront en plus de coupons de réduction, à valoir dans le magasin Whole Foods ! Faire venir des clients potentiels à côté des supermarchés en les attirant avec des offres adaptées comme des autocuiseurs : à l’heure du commerce connecté, Amazon s’approprie en les dynamisant les méthodes de vente ancestrales des camelots !
2Demain, des épiceries autonomes et des cabines d’essayage sur roues ?
L’édition 2018 du Consumer Electronic Show, le grand salon high-tech de Las Vegas, a vu la présentation de plusieurs projets de véhicules autonomes voulant renouveler le secteur de la distribution. Avec une idée générale : amener automatiquement les produits au plus près des consommateurs.
La startup Robomart a ainsi dévoilé un prototype d’épicerie autonome sur roues, dédié à la vente de fruits et légumes et de plats cuisinés. Le principe est de permettre aux consommateurs en quête de produits frais de demander, via l’appli dédiée, le passage d’une de ces camionnettes sans chauffeur. Un système de capteurs permettra d’identifier les produits dont les clients se serviront. Ce concept a notamment séduit Le Journal du Net, qui se dit prêt à « mettre un petit billet sur Robomart » !
Autre projet qui a retenu l’attention : le magasin sur roues de Toyota, baptisé e-Palette. C’est « un véhicule autonome couteau suisse, capable de se métamorphoser tour à tour en fablab, food truck et magasin mobile », explique le magazine LSA. Exemple d’aménagement : transformer ce véhicule en une cabine d’essayage mobile. « Leurs prospects pourront sélectionner des produits sur leur site de vente en ligne, choisir le lieu et l’heure où ils souhaitent essayer les différentes paires de baskets qui leur ont tapé dans l’œil et attendre que la navette autonome vienne à leur rencontre transportant avec elle ces articles », décrit LSA. L’idée intéresse Amazon, qui travaille avec Toyota sur ce projet.
3Sephora et Marionnaud partent à la rencontre des millennials en camion
Après une opération similaire menée en France en 2015, Sephora a affrété à l’automne 2017 un « beauty truck » pour une tournée des universités de la côte est des États-Unis. Bien plus qu’une distribution d’échantillons, la marque proposait, grâce à ce camion aménagé, des conseils et des ateliers de maquillage. Avec des thèmes adaptés aux attentes des étudiantes, comme se maquiller pour un entretien d’embauche, ou pour passer une soirée de folie (« fun night out »).
Cette initiative permet à Sephora de nouer un contact direct avec de jeunes consommatrices, que se disputent des marques de cosmétiques comme Nyx qui visent en priorité les millennials. Sephora peut accompagner ces clientes potentielles vers les meilleures techniques de maquillage, et les fidéliser à un âge où se forgent des habitudes de consommation.
En France, Marionnaud a aussi sillonné les rues de plusieurs grandes villes avec un « beauty truck ». Non seulement des professionnels proposaient des ateliers gratuits de maquillage, mais les consommatrices pouvaient ensuite se faire prendre en photo et partager le cliché sur les réseaux sociaux afin de participer à un concours. Une opération mêlant proximité et viralité.
4Allianz vient de lancer sa première agence mobile
Même à l’heure d’Internet, aller aussi chercher physiquement les clients partout où ils se trouvent. Début janvier 2018, Allianz France a annoncé la mise en service de sa première agence mobile. Un agent général de l’assureur a ainsi lancé sur les routes de Lozère un véhicule aménagé de 15 mètres carrés, doté d’une informatique autonome, permettant d’apporter les mêmes services que ceux d’une agence traditionnelle.
Le journal Les Échos souligne qu’Allianz France dispose déjà d’un bon maillage du territoire, avec 2 500 agences, ce qui en fait le deuxième réseau d’agents généraux derrière Axa. « Cela ne vient pas se substituer aux points de vente existants, mais en complément », insiste Alexandre Du Garreau, directeur commercial du réseau des agents généraux.
Le camion mobile doit permettre à un agent général d’aller à la rencontre des clients se trouvant à plus de 20 minutes de voiture d’une agence Allianz, soit 10 à 15 % de la population française, précise l'assureur. Le seuil de rentabilité d’une agence mobile serait à « 300 ventes par an ».
D’autres réseaux de banques et d’assurances sont en train d’expérimenter le principe d’agences sur 4 roues, notamment le Crédit Agricole qui mène en ce moment plusieurs projets de ce type.
5La Poste teste un « Poste Truck » en Indre-et-Loire
Depuis la fin janvier, un « Poste Truck » stationne chaque matin sur deux emplacements à Saint-Étienne-de-Chigny, un village de 1 500 habitants d’Indre-et-Loire. L’ancien bureau de poste a fermé il y a 10 ans par manque d’activité, explique RTL.
Déposer ou retirer un colis, acheter des timbres, envoyer un recommandé… L’idée de proposer les services de La Poste dans une camionnette est née d’une équipe de postiers du bureau voisin de Fondettes. Tous les services sont disponibles, à l’exception des opérations bancaires. La Poste y présente aussi une tablette numérique destinée aux seniors, le service « Veiller sur mes parents » qui s’appuie sur le passage du facteur, ainsi qu’une offre de téléassistance.
La pérennité du dispositif dépend de l’accueil des habitants. Mais les premiers retours semblent très positifs.
6Dans l’Aisne, les services publics se rapprochent des habitant en camping-car
Depuis le début 2017, deux agentes sillonnent chaque mois, à bord d’un camping-car aménagé, les 32 communes de la Thiérache, dans le nord de l’Aisne. Impôts, retraite, Pôle emploi, allocations familiales, elles proposent aux villageois un accompagnement dans leurs démarches administratives. Il s’agit d’une expérimentation, menée dans le cadre d’un dispositif estampillé « service public itinérant ».
« Le service public itinérant est une réponse imaginée par l’État pour répondre au sentiment d’isolement des Français vivant dans des territoires très enclavés », explique Le Monde dans un long article qu’il consacre à cette initiative pilote.
Pour la plupart des personnes qui franchissent le seuil du camping-car, l’usage d’Internet ne va pas de soi et remplir un dossier en ligne peut vite devenir une gageure. Et se déplacer n’est pas toujours simple. « Avant, pour tout ce qui est administratif, on devait aller jusqu’à Saint-Quentin, ça fait une trotte : 74 kilomètres aller-retour. Et encore, nous, on a une voiture », explique un couple de retraités. D’autres départements, comme l’Oise, les Alpes-Maritimes et le Morbihan, se sont montrés intéressés par cette initiative.
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Etam installe le paiement sans caisse dans ses 450 boutiques
Etam est en train de généraliser la technologie RFID sur l’ensemble de ses étiquettes. Ce qui va lui permettre de proposer dès la fin 2018 le paiement sans caisse dans ses 450 boutiques. « Le RFID n’a pas pour seul intérêt d’aider les vendeurs dans les inventaires », explique ainsi dans Le Journal du Net Jonathan Attali, directeur e-commerce et innovations de la marque. Concrètement, les clientes pourront mettre leurs articles dans un sac qu’elles suspendront à un crochet : toutes les étiquettes RFID seront scannées et le prix s’affichera sur un écran pour règlement, en « self check-out ». Objectif : désengorger les caisses traditionnelles.
Réseaux sociaux : les retailers français rattrapent leur retard
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