Best of retail 2016 : à San Francisco, I.A. et robots s’invitent dans la relation client
17/11/2016Analyste Innovation pour le Groupe La Poste à San Francisco et rédacteur pour YellowVision, Sébastien Louradour scrute les dernières initiatives qui agitent la relation entre les marques et les consommateurs. Il nous livre une sélection qui met l’accent sur l’arrivée des robots dans le parcours client et la commercialisation de nouveaux produits conçus par les startups. La baie de San Francisco est plus que jamais à la pointe de l’innovation !
Best Buy ouvre ses rayons aux produits des startups
Depuis le mois de septembre 2016, Best Buy, le géant américain de la vente de matériel électronique grand public, commercialise dans son magasin de Moutain View, au sud de la baie de San Francisco, une sélection de produits mis au point par des startups. Les consommateurs peuvent notamment y trouver des articles financés par des campagnes de crowdfunding. Comme une imprimante 3D, une corde à sauter connectée ou encore des boutons intelligents qui allument ou éteignent à distance tout type d’équipements électroniques.
Ce programme de Best Buy pour soutenir les projets des startups est baptisé Ignite. Il fait suite à d’autres initiatives sur le même principe lancées dans la région de San Francisco. Le mouvement a été initié par Target avec l’ouverture en 2015 de son magasin Target Open House : au cœur de San Francisco, cette boutique met en scène des objets connectés innovants et propose de s’immerger dans une maison intelligente idéale. Dans la chambre de bébé, par exemple, les jeunes parents découvrent le pyjama connecté qui permet de contrôler le rythme du cœur, ou encore la caméra pour visualiser le landau depuis leur smartphone.
Une grande partie des articles vendus par Best Buy et Target ont vu le jour grâce à des financements obtenus sur Indiegogo ou Kickstarter. En étant ensuite proposés par de grandes enseignes, ces produits innovants ont la possibilité de toucher le grand public, et de franchir une nouvelle étape dans leur commercialisation.
Plus d’infos : YellowVision, Best Buy Ignite
La livraison par robot autonome en essai sur un campus de la baie de San Francisco
Quoi de mieux qu’un campus pour réaliser ses premières expérimentations comme jeune startup ? C’est en effet sur les chemins ombragés de Menlo College que la jeune pousse Dispatch a décidé de faire rouler son robot autonome de livraison. Baptisé Carry, il peut transporter jusqu’à 45 kilos de colis, de courses, de repas à livrer… Il est conçu pour évoluer sur les trottoirs et les zones réservées aux piétons. Équipé d’une intelligence artificielle, Carry sait contourner les obstacles et atteindre de façon autonome son lieu de livraison.
Les premiers essais semblent concluants et les étudiants ne se formalisent plus des allées et venues des robots autonomes. Ayant réalisé une première levée de fonds auprès du prestigieux fonds Andreessen Horowitz, la startup pourrait rapidement passer à la vitesse supérieure et ne plus seulement livrer des colis aux étudiants.
Mobilisables à toute heure du jour et de la nuit, notamment le matin avant 8h30 quand tout le monde veut être livré, les robots autonomes pourraient s’imposer dans les années à venir comme des alliés précieux pour apporter les commandes à domicile.
Plus d’infos : YellowVision
Un robot réalise l’inventaire du magasin tout au long de la journée
Les robots sont-ils en passe d’envahir la baie de San Francisco ? Celui créé par la startup Bossa Nova Robotics a élu domicile au sein du magasin Lowe’s (chaîne spécialisée en outillage) de Sunnyvale, dans la Silicon Valley. Mesurant 1,83 mètre, ce grand robot filiforme se déplace de façon autonome pour analyser les articles en rayon. Disposant de 11 caméras, il peut auditer en temps réel les stocks et vérifier l’exactitude de chaque prix et la quantité de produits disponibles. S’il vient par exemple à manquer des pots de peinture, le robot envoie une alerte et un employé peut réalimenter le rayon immédiatement.
Autre initiative de Lowe’s dans la Silicon Valley : tester un robot qui, en plus de réaliser l’inventaire, peut répondre à des questions des clients. Pour cela, c’est le robot Navii créé par Fellow Robots qui est en cours de déploiement dans 11 magasins de la baie. Navii peut communiquer grâce à la voix et un immense écran tactile et accompagner un client jusqu’à l’article recherché, par exemple.
La présence des robots dans les entrepôts n’est pas une nouveauté (Amazon le pratique depuis 2012), mais la présence de robots croisant les clients en est une. Pour que cette cohabitation se déroule au mieux, ces robots disposent d’une intelligence artificielle leur permettant d’esquiver les passants dans les allées. S’ils ressemblent encore pour l’instant à des ovnis perdus au milieu du magasin, leur rôle pourrait rapidement s’étendre tant leur intérêt économique paraît réel. Et avant qu’ils ne deviennent peut-être trop nombreux, la présence de robots continue d’amuser les clients.
Plus d’infos : San Francisco Chronicles
Depuis cette année, Amazon Echo permet de commander sa pizza ou de gérer ses comptes par la voix
Toujours pas commercialisé en France, Amazon Echo fait fureur aux États-Unis. Comme à son habitude, Amazon ne fournit pas de chiffres, mais en avril 2016, une étude indépendante affirmait que 3 millions d’unités avaient déjà été vendues. Cette petite tour intelligente trouve en effet facilement sa place dans les foyers. Son utilisation s’avère incroyablement simple et naturelle. Équipé de l’assistant personnel Alexa, Amazon Echo dispose de 3 000 skills (compétences). Ces skills, connectées à des applications ou des services d’enseignes tierces, permettent de réaliser des milliers de tâches uniquement par la voix. Voici quelques-unes des dernières fonctionnalités qui ont enrichi l’expérience utilisateur en 2016.
Grâce à l’intégration de Domino’s, il est désormais possible de commander sa pizza en restant assis dans son canapé, juste en disant « Alexa, open Domino’s ». Il suffit pour cela de préciser en amont, sur le site de Domino’s, ses préférences et notamment sa pizza favorite. Une fois les paramètres saisis, Alexa sait que, quand vous la sollicitez, elle doit commander cette pizza. Il est ensuite possible de suivre sa commande en disant « Alexa, ask Domino’s to track my order ».
Les clients de la banque Capital One peuvent, eux, désormais consulter leurs dernières dépenses, vérifier l’état de leurs comptes, et payer leurs factures par simples commandes vocales. En disant par exemple « Alexa, what’s my checking account balance ? », Alexa va me dire combien il me reste sur mon compte courant. Capital One est pour l’instant la première banque à proposer ses services via Amazon Echo.
Uber n’est évidemment pas en reste et propose lui aussi de commander un véhicule simplement à la voix. Mais déjà les concurrents d’Amazon Echo fourbissent leurs armes. Google vient de lancer Google Home, un produit équivalent, et Apple préparerait également le sien. Sans oublier l’émergence du commerce conversationnel sur Facebook Messenger où l’interface est un chatbot. Ces nouveaux modèles d’achat n’en sont qu’à leurs débuts mais tous les géants de la tech se sont inscrits dans le mouvement.
Plus d’infos : Tech Crunch, Capital One, YellowVision
Apple réinvente à San Francisco son Apple Store
Le tout premier Apple Store est né il y a 15 ans juste à côté, à Palo Alto. C’est donc presque une renaissance qui a eu lieu en mai 2016 avec la réouverture à San Francisco, après des mois de travaux, du vaisseau amiral de la marque. Ce magasin a vocation à devenir le nouveau modèle des boutiques d’Apple. Sachant que modifier le design des Apple Store est un défi d’envergure : ces magasins génèrent plus de revenus au mètre carré qu’aucun autre magasin, y compris les bijouteries !
Pour l’architecture de sa nouvelle boutique, Apple n’a pas eu peur des superlatifs. Alimenté par des panneaux solaires installés sur son toit, le bâtiment est composé d’immenses portes vitrées coulissantes. Ces structures, de plus de 12 mètres de haut chacune, rendent la boutique totalement ouverte sur la place d’Union Square pendant la journée. L’arrière de la boutique, ouverte jour et nuit, est composée d’un mur végétal et d’œuvres d’art. Des tables permettent de s’y installer et de profiter d’une connexion WiFi gratuite.
Conçu pour être ouvert sur la ville, l‘Apple Store de San Francisco veut être un lieu de rencontres et de créations. La boutique accueille des évènements artistiques, des sessions de formation auprès des enseignants ou des développeurs, des activités pour les enfants, etc. Un espace fermé permet également aux entreprises de se former aux derniers produits Apple, car accessoirement, la boutique offre également la possibilité d’y acheter le dernier iPhone !
Plus d’infos : Apple
Bientôt, un drone pour se faire livrer ses médicaments ?
Le drone QuiQui (prononcer kwi-ki) est promis pour bientôt réaliser des livraisons de médicaments dans le quartier de Mission District à San Francisco. A priori tout fonctionne, il ne lui manque plus que sa précieuse autorisation de vol.
Sur le papier, la promesse est alléchante. QuiQui peut livrer 24/24 en moins de 15 minutes des médicaments avec un prix de livraison d’un dollar. Mission District n’a pas été choisi par hasard : dans cette zone, les immeubles sont relativement bas, permettant au drone de pouvoir évoluer en restant à une altitude raisonnable du sol.
Reste à obtenir l’autorisation des autorités. En août 2016, un jugement très attendu a rendu légal le vol de drones commerciaux aux États-Unis. Mais légal ne veut pas dire ouvert à tous. La Federal Aviation Administration a établi des dizaines de règles à respecter. Parmi celles-ci : toujours avoir le drone en vue ou ne pas voler au-dessus de personnes qui ne sont pas impliquées dans les opérations de livraison. Ce qui pourrait compliquer les premiers vols de QuiQui…
En attendant, l’État voisin du Nevada a rendu les normes beaucoup plus souples. Cela a permis de rendre possible le premier vol commercial d’un drone aux États-Unis : en juillet, le drone Flirtey livrait des produits d’un 7-Eleven à un particulier en déposant la précieuse cargaison dans son jardin.
Plus d’infos : QuiQui, YellowVision
Sébastien Louradour est Analyste Innovation pour le Groupe La Poste à San Francisco. Il scrute les dernières initiatives digitales et technologiques de la baie et accompagne les équipes innovation du groupe en décryptant les tendances émergentes. Sébastien est également rédacteur pour YellowVision, le magazine du Groupe La Poste dédié à l’innovation digitale.