Et si la ville la plus durable était une éponge ?
Pour parer les effets du réchauffement climatique et de la hausse des précipitations dans certaines régions du pays, la Chine imagine un nouveau concept d’urbanisation. Plus vert, moins bétonné, celui-ci vise à doter les villes de capacités d’absorption hydrique beaucoup plus importantes, à l’instar des éponges.
Partout dans le monde, nous tentons de lutter contre les effets du réchauffement climatique. Et s’il nous fallait au contraire accepter et nous adapter à ces nouvelles conditions ? C’est en tout cas l’idée portée par Kongjian Yu, fondateur de la société de design urbain Turenscape qui vise à faire des villes chinoises de véritables éponges. Il s’agit ainsi « de les adapter au climat contemporain plutôt que de répéter des concepts citadins pensés pour des climats datant d’il y a plus de 300 ans ».
Là où nos villes « modernes » ont misé sur la rapidité d’évacuation des eaux (ce que l’on appelle l’infrastructure grise), la « ville éponge » développe l’absorption de ses sols ainsi que sa capacité à retenir les eaux pluviales pour mieux les exploiter (infrastructure verte). Cette nouvelle stratégie répond ainsi à deux enjeux : prévenir les dégâts liés aux inondations, mais aussi sécuriser l’approvisionnement en eau.
Capturer les eaux pluviales au lieu de les éliminer
Les capacités d’absorption sont améliorées par le développement d’espaces verts visant à freiner les flux hydriques et diminuer la température urbaine, mais également par la réduction massive des revêtements imperméables. À la place, des matières poreuses sont employées et assurent la stabilité des villes tout en facilitant l’infiltration de l’eau. La capture et la conservation de celle-ci sont assurées par les nappes phréatiques et/ou le développement de réserves aquifères artificielles lorsque cela est nécessaire.
Ce concept urbain peut être pensé à n’importe quelle échelle, « du jardin à la ville », dans une logique d’efforts conjoints de tous les habitants et acteurs économiques. « Une cité éponge est une ville adaptative, dotée d’un système d’eau résilient qui repose sur la maîtrise d’un paysage poreux », explique Kongjian Yu.
Cette observation explique pourquoi de nombreux architectes et organismes à travers le monde (tels que le World Ressources Institute) y voient un espoir pour l’avenir et suivent avec grand intérêt les recherches chinoises dans le domaine. Une récente étude a démontré qu’en appliquant ce modèle d’urbanisation aux plus grandes villes des États-Unis, le pays pourrait absorber et retenir plusieurs centaines de milliards de litres d’eau… par jour.
(Source : Wired)
Crédits : © Turenscape