Green Impact Index : une note environnementale et sociétale pour les produits cosmétiques
20/12/2023Près de 26 organisations de toutes tailles, dont des fournisseurs, des bureaux d’études et une structure académique se sont réunies pendant neuf mois pour co-construire sous l’égide d’AFNOR une méthodologie de calcul et d’affichage de l’impact environnemental et sociétal des produits cosmétiques, de bien-être et de santé familiale.
« La présentation du Green Impact Index, développé par Pierre Fabre en 2021, et son appel à nous regrouper pour le challenger et l’enrichir, m’ont incitée à rejoindre cette démarche unique et atypique », explique Aurélie Guyoux, directrice R&D des laboratoires Arkopharma. « Dix ans de travaux à l’échelle française et européenne sur l’affichage environnemental des shampoings n’ont pas abouti à un outil opérationnel et facile à mettre en œuvre, mais nous ont permis de constater qu’en interne, les métiers ne se comprenaient pas entre eux », témoigne Séverine Roullet-Furnemont, directrice développement durable Green Mission Pierre Fabre.
D’où l’élaboration du Green Impact Index, qui note tous les produits dermocosmétiques et de santé familiale du Groupe selon des facteurs environnementaux et sociaux portant sur l’emballage, la formule, l’impact de la fabrication et du transport, le made in France, etc. Cette méthode est l’une de celles qui ont nourri les travaux ayant abouti à la publication de l’AFNOR Spec 2215 en juin dernier, co-pilotés par Séverine Roullet-Furnemont.
Neuf mois de travaux sous l’égide de l’AFNOR
Collaborer avec des concurrents ou dévoiler certains aspects de la fabrication des produits ne coule pas de source. C’est pourtant ce qu’ont fait pendant neuf mois six entreprises pionnières (Pierre Fabre, Arkopharma, Yves Rocher, Léa Nature, Ladrôme Laboratoire et Technicoflor), bientôt rejointes par une vingtaine d’organisations. Au total, les travaux menés sous l’égide de l’AFNOR ont impliqué pas moins de 1000 entreprises. À l’arrivée : une méthodologie d’affichage des impacts environnementaux et sociétaux issue de méthodes existantes, et reposant sur 55 critères assortis de différentes pondérations, aboutissant à une note entre A et E. « Nous sommes prêts à communiquer vers le consommateur », se réjouit Aurélie Guyoux. Accessible sur les sites internet des marques, la note reste néanmoins encore absente des packagings.
L’AFNOR Spec 2215, disponible pour les entreprises de toutes tailles pour 60 € et bientôt traduite en anglais, vient pallier les défauts d’une multitude de labels existants. Ces derniers ne notent pas l’ensemble des sujets et des méthodes ACV (analyse de cycle de vie) qui, à l’exception du packaging, génèrent d’importantes approximations. « Nous avons réalisé qu’il était beaucoup plus efficace d’engager la transition écologique par les produits qu’en poursuivant de grands objectifs généraux. Les équipes se sont d’ailleurs approprié des éléments de langage communs », affirme Séverine Roullet-Furnemont.
Anticiper la réglementation et piloter sa stratégie
100 % volontaire, la démarche s’appuie sur des demandes réglementaires (telles que la loi AGEC en France, qui impose des exigences sur la recyclabilité des emballages) et anticipe de futures réglementations européennes en matière de packaging ou d’allégations (Green Claims Directive).
Elle a aussi des impacts au sein même des entreprises. Chez Arkopharma, qui travaille avec plus de 120 plantes différentes venant de 40 pays, l’exercice oblige à remonter les filières et challenger le manque de transparence de certains acteurs en recherchant des informations parfois très techniques.
D’excellentes notes motivent les équipes à continuer de développer des produits éco-socio-conçus. À l’inverse, les mauvaises créent des remous. « Cela nous aide à piloter notre stratégie R&D et à enclencher des actions concrètes sur certains produits et sur nos emballages, reconnaît Aurélie Guyoux, qui dit viser 100 % de nouveaux produits notés A ou B d’ici 5 ans. »
Créée dans la lignée de la publication de l’AFNOR Spec 2215, qui a vocation à devenir une norme, l’association Green Impact Index regroupe 21 membres fondateurs engagés à mettre en œuvre la méthode à grande échelle.
Déjà appliquée à la cosmétique, aux compléments alimentaires et, chez Pierre Fabre, aux médicaments, celle-ci est adaptable à d’autres secteurs selon leurs enjeux et devrait faire des émules.
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