Un quart de siècle dans la supply chain : c’est l’anniversaire que Laetitia Balac-Ruscher va fêter en 2024. Le 1er octobre dernier, elle est devenue directrice Supply Chain et Système d’information de Monoprix, placée sous la responsabilité hiérarchique du PDG, six mois après avoir rejoint le Groupe. « Je considère ma nouvelle fonction comme un accélérateur des ambitions de l’entreprise, un peu comme le cuisinier d’un restaurant qui aurait tous les ingrédients et les ustensiles pour réaliser le menu  ! explique-t-elle. Sur le plan environnemental, Monoprix avait inauguré il y a deux ans son premier entrepôt neutre en carbone. Pour ma part, je veux challenger nos modes de transport pour qu’ils soient plus vertueux, par exemple en privilégiant le train sur les longues distances. » Autre sujet d’importance : la digitalisation de la supply chain. Laetitia Balac-Ruscher l’envisage comme un « sujet humain » avant tout. « Je ne veux pas la cantonner à une approche par les outils. La vraie question, c’est plutôt : pourquoi digitaliser ? À quoi ça sert ? Quand le sens est donné, on va plus loin, plus vite. C’est donc un changement culturel qu’il faut accompagner en développant une culture de la data, par exemple. »

En vingt-cinq ans, Laetitia Balac-Ruscher a vu le métier évoluer considérablement. « Il s’est professionnalisé, avec des formations bac+5 dans les grandes écoles, et on a vu ces nouveaux profils rejoindre les équipes avec des expériences variées », observe cette diplômée de l’ESCP Europe, titulaire d’un DESS Transport, Communication et Logistique des échanges internationaux. Curieuse, à l’affût des bonnes pratiques du secteur, elle confie « se nourrir des personnes clés rencontrées tout au long de son parcours » : « Ma fonction a pris une place plus visible, et mes équipes sont plus importantes, car le statut de la supply chain dans les organisations a radicalement changé : elle occupe un positionnement stratégique qui contribue à créer de la valeur ou à ne pas en détruire. Et ça, l’industrie l’a compris très tôt ! Le retail a suivi. »

Quand elle a pris son poste, Laetitia Balac-Ruscher est aussi devenue membre à part entière du Comex de Monoprix, une intégration qui prouve l’importance de la supply chain pour le Groupe. « Pour moi, la supply chain est un acteur transverse qui orchestre toutes les parties prenantes. L’enjeu c’est d’avoir un bon produit, au bon endroit, au bon moment, avec le moins de stock possible. »

Avant de rejoindre Monoprix, elle a occupé chez Carrefour France le poste de directrice Organisation & Méthodes Transport, puis celui de directrice de la Supply Chain alimentaire Île-de-France. C’est là qu’elle a traversé l’un des moments forts de son parcours : la crise du Covid-19. « Nous étions en première ligne malgré nous ! L’enjeu humain était crucial pour maintenir l’engagement des équipes. La supply chain a joué un rôle essentiel dans la gestion de cette crise et j’ai pris pleinement conscience de notre niveau de responsabilité. » 

Dans un secteur où les postes à responsabilité ont longtemps été occupés exclusivement par des hommes, Laetitia Balac-Ruscher est parvenue à briser un plafond de verre. « La supply chain fait appel à des compétences moins genrées : coordination, management transverse, gestion de la data, entre autres. Cela l’ouvre à des profils plus variés et attire des femmes, y compris sur des postes à responsabilités, analyse cette pionnière de la féminisation du management de la supply chain. Cela dit, il reste beaucoup à faire pour améliorer l’attractivité de nos métiers et les faire connaître dans toute leur diversité. Ça prend du temps, mais j’espère contribuer à ouvrir la voie ! »