Tech for Good : 7 startups à impact au service de la transition sociétale et écologique
09/03/2023La France compte plus de 1 000 startups à impact, employant selon Bpifrance et France Digitale près de 30 000 personnes. Elles sont notamment actives auprès des entreprises pour les aider à accélérer leur transition vers des business models plus responsables. Vous ne les connaissez pas toujours car elles interviennent parfois en marque blanche. Zoom sur 7 de ces startups qui apportent une longueur d’avance aux entreprises.
1Lizee, l’économie circulaire clé en main
Comment expérimenter rapidement un nouveau business model reposant sur la location ou la seconde main ? Grâce aux services d’une startup comme Lizee qui propose une solution clé en main, déjà adoptée par Decathlon, Leroy Merlin, Leclerc, Petit Bateau, Maje, Gemo, etc. « Passer d’un business model retail ‘classique’ à un business model circulaire n’est pas facile dans les grandes entreprises car les processus sont souvent bien huilés, et peu adaptés lorsqu’il faut tester des modèles disruptifs », reconnaît Céline André, Product Manager de la marque Quechua de Decathlon. Avec Lizee, elle explique avoir pu « tester rapidement ces nouveaux processus » pour mettre en place une offre de location d’équipements de camping.
« En 2 mois, nous construisons ensemble votre offre circulaire, prête à engager vos clients », annonce la startup. Sa plateforme SaaS proposée en marque blanche permet de gérer toute la chaîne de l’économie circulaire, dans sa dimension technologique comme logistique : interface avec les clients, emballage et expédition des produits, gestion des retours et remise en état, suivi des stocks en temps réel, etc.
Autre avantage de la solution de Lizee : la collecte de données sur l’usage que les clients font des produits en location (durée d’emprunt, réparations nécessaires…). « Nous sommes capables de mesurer le coût de la remise en état et de faire des prédictions dans l’optique de dégager de vraies marges pour les retailers », indique dans le Journal du Net Anna Balez, la CEO de Lizee (sur la photo entourée des deux autres cofondateurs Timothée Emery et Tanguy Frécon). La startup vient de lever 7 millions d’euros afin de consolider son modèle et son équipe, qui compte quarante personnes.
2SmartBack donne une seconde vie aux meubles retournés par les clients
SmartBack explore une autre voie en faveur d’un commerce plus responsable : la startup, qui compte parmi ses clients Camif et ManoMano, propose une solution globale pour optimiser les retours des meubles que les clients renvoient après les avoir commandés. « Dès qu’un client retourne un produit qui n’est plus dans son emballage d’origine ou qui a un léger défaut, le distributeur ne peut pas le remettre en stock », souligne Olympe Chabert, cofondatrice de SmartBack (en photo ci-dessus avec son associée Ariane Varale et leur équipe). « Nous trouvions absurde qu’un meuble fasse 500 kilomètres en moyenne pour revenir à son entrepôt où il finira dans un coin ou à la poubelle, alors qu’une seconde vie est souvent possible », poursuit-elle dans Les Échos.
Avec SmartBack, le client qui souhaite renvoyer un meuble commence par remplir, sur le site du distributeur, un questionnaire évaluant son état et les éventuels défauts. Plusieurs possibilités s’ouvrent alors. Si le meuble est en bon état, il repart dans les entrepôts de la marque. S’il a un léger défaut, SmartBack vient le récupérer pour le remettre à un réseau d’acteurs de la seconde main afin qu’il soit réparé et revendu. S’il est trop abîmé, il part en recyclage.
Magasins d’occasion, brocanteurs, solderies, ressourceries… : SmartBack a développé un réseau de partenaires locaux pour optimiser les retours. « Les meubles doivent parcourir 25 kilomètres maximum en moyenne depuis l’acheteur jusqu’à leur nouvelle destination, détaille Olympe Chabert. De cette façon, on limite l’empreinte carbone et les coûts pour la marque, et on participe à l’économie locale. »
La startup se rémunère via un abonnement versé par les distributeurs. Elle perçoit aussi une commission sur les ventes réalisées en seconde main, une motivation pour encourager au réemploi des meubles.
3Bibak, pour en finir avec la vaisselle jetable
Autre exemple de startup qui apporte une réponse complète pour la mise en place d’un modèle circulaire : Bibak (contraction de « Bring it back » ou ramener). « C’est une solution tech et industrielle qui incite au réemploi des contenants dans la restauration et l’événementiel », résume dans Stratégies sa cofondatrice Yasmine Dahmane. La startup est notamment portée par l’entrée en vigueur de la loi Agec (loi anti-gaspillage pour une économie circulaire) qui interdit les emballages et la vaisselle jetables dans les restaurants de plus de 20 places assises (cela concerne par exemple la vente sur place dans les fast-foods).
La solution de Bibak s’appuie sur des bornes de retour high-tech qui guident grâce à leurs écrans les consommateurs, qui comptabilisent la vaisselle rapportée et qui peuvent même rembourser une éventuelle consigne. La plateforme de la startup permet aux restaurateurs de suivre leur stock en temps réel et de localiser, grâce à des inventaires automatiques, la perte de vaisselle. « Nos clients vont donc pouvoir limiter cette perte via des mécanismes incitatifs. »
Enfin, Bibak propose un système de cashback et de gamification. « L’idée est d’aboutir à des rewards personnalisées. Le consommateur va rendre sa vaisselle dans la borne de retour, et pourra se voir récompensé d’un burger, d’un café, ou d’une place de cinéma. » La startup indique travailler avec 200 clients, comme Quick, Burger King, Sodexo, Elior ou encore Uber Eats.
Bibak mise aussi pour son développement sur le secteur de l’événementiel, lui aussi engagé dans la suppression des emballages jetables. Les Jeux Olympiques de 2024 visent ainsi le zéro plastique à usage unique. « Cet événement a véritablement fait accélérer notre business », pointe Yasmine Dahmane.
Le business model de Bibak ? Un abonnement fixe pour accéder à sa plateforme, auquel s’ajoute un coût variable en cas de remboursement de consigne ou de récompense attribuée. La startup vient de lever 6 millions d’euros pour continuer d’innover et étoffer son équipe avec des profils tech et commerciaux.
4Hello RSE facilite les achats responsables par les collectivités
Les appels d’offres publics intègrent depuis plusieurs années des critères RSE, mais rien n’est imposé pour les achats de moins 40 000 euros, qui ne nécessitent pas d’appel d’offres. Une simple mise en concurrence suffit. C’est ce marché des achats publics de gré à gré que cible Hello RSE, notamment en direction des collectivités et des établissements scolaires. Jusque-là, « il n’existait pas d’outil leur permettant d’effectuer facilement des achats plus durables », fait valoir la startup.
Très concrètement, Hello RSE propose un site de e-commerce permettant de passer des commandes non pas uniquement en fonction du prix, mais aussi de l’impact social et environnemental, ainsi que de l’implantation locale du fournisseur. Mobilier, matériel informatique, logiciels, articles d’hygiène… Les acheteurs peuvent faire un tri entre le vendeur « le plus vertueux » ou « le plus proche ». Selon les catégories, la plateforme permet aussi de choisir entre du neuf ou du reconditionné, parfois de la location.
Pour faciliter les achats responsables, Hello RSE mise sur la simplicité du parcours d’achat. « Quand vous êtes un acheteur professionnel, vous avez aussi besoin que ça soit clair et simple. La simplicité, c’est la clé », explique Olivier Perron, fondateur de Hello RSE, dans Le Journal numérique de l’Aquitaine où est implantée la startup. Elle vient de lever 1,3 million d’euros pour renforcer son offre et poursuivre sa croissance.
5Carbo aide à prendre la mesure de l’empreinte carbone
Carbo veut « accélérer la prise de conscience écologique pour réduire notre empreinte carbone dès maintenant ». Créée en 2019, la startup a d’abord conçu une application gratuite destinée au grand public permettant d’évaluer facilement son empreinte carbone. Cette vitrine lui a permis de se développer sur le marché des entreprises, là où se trouve son business model. Elle leur propose une solution SaaS pour calculer leur empreinte carbone et la piloter.
Pour l’instant, ce bilan carbone n’est obligatoire que pour les entreprises de plus de 500 salariés. Carbo vise les plus petites structures : TPE, PME, entreprises de taille intermédiaire. « Jusque-là, elles n’avaient pas d’outil pour évaluer leur empreinte. Nous voulons accompagner les entreprises volontaires. C’est un marché naissant, qui est en train d’être évangélisé », fait valoir dans Maddyness Simon Létourneau, l’un des trois cofondateurs de Carbo. Les entreprises se lancent dans cette démarche par conviction, et aussi pour pouvoir travailler avec certaines grandes sociétés. « La SNCF impose par exemple à ses sous-traitants de réaliser un bilan carbone. Et cela devrait devenir de plus en plus fréquent à l’avenir », estime Simon Létourneau.
Pour établir ce bilan, les collaborateurs des entreprises clientes de Carbo sont invités à saisir, ou à importer, dans l’outil de la startup toutes les données liées à l’empreinte carbone (activité numérique, déplacements, achats, etc.). Avec l’objectif de pouvoir mettre en place des actions pour réduire ces émissions. La startup compte aujourd’hui 400 clients. Elle vient de lever 5 millions d’euros (notamment auprès du fonds d’innovation 115K de La Banque Postale) pour accélérer son développement. Elle vise les 5 000 entreprises clientes d’ici 2025, sans oublier le grand public. Carbo veut arriver à sensibiliser 10 millions de particuliers chaque année, notamment grâce à des partenariats avec la Société Générale et La Banque Postale pour toucher les clients de ces banques. La startup envisage de passer de 30 à 50 salariés en 2023.
6Vendredi encourage l’engagement des salariés dans les actions RSE
« Permettre à chacun de changer le monde sans changer de travail. » C’est ainsi que Vendredi résume son objectif. La startup propose aux entreprises une plateforme SaaS permettant aux salariés de s’engager dans des actions RSE. Elle compte plus de 300 clients, à la fois des grands groupes comme Danone ou Suez et des startups comme Payfit ou ManoMano.
La plateforme de Vendredi agrège différents modes d’action, notamment des missions auprès d’associations que les salariés peuvent accomplir sur leur temps perso ou pro. « En moyenne les entreprises donnent deux jours de ‘crédit’ par an », précise le journal Les Échos. L’engagement peut aussi prendre la forme de « team building » solidaires ou de dons financiers. Vendredi facilite par ailleurs la sensibilisation des collaborateurs grâce à des défis sur des enjeux sociaux et environnementaux : handicap, violences sexuelles et sexistes, climat…
« Les entreprises ont une très forte pression sur la question de la transition sociale et environnementale, que ce soit en interne avec des salariés qui veulent s’engager, ou en externe via de nouvelles normes et des enjeux de recrutement pour les ressources humaines », pointe Félix de Monts, cofondateur de Vendredi avec Julian Guérin. La startup, qui a levé 4,4 millions d’euros l’an dernier, espère atteindre 1 500 sociétés clientes d’ici à 2024. Cet apport financier lui permet notamment de développer son offre pour accompagner la mise en place de plans d’actions RSE sur mesure.
7Phenix lutte contre le gaspillage alimentaire
La mission de Phenix ? « Agir ensemble contre le gaspillage en proposant des solutions performantes, humaines et digitales, qui profitent à tous ». La startup s’est d’abord lancée auprès des entreprises (distributeurs, industriels, boulangeries, primeurs, restaurants…). Elle leur apporte une gamme complète de solutions pour éviter le gaspillage, comme l’application Phenix Date : elle permet de détecter les produits en fin de vie dans les rayons des supermarchés pour les vendre à prix cassés ou en faire don à une association.
Pour viser le zéro déchet, Phenix a complété son offre avec une application anti-gaspi pour les particuliers. 17 000 commerçants répartis dans une vingtaine de villes y proposent leurs invendus dans des paniers à prix réduits. L’an dernier, la startup a levé 15 millions d’euros pour « consolider sa position de leader de l’anti-gaspi en Europe » et se diversifier vers les produits non alimentaires (hygiène, beauté, jouets…).
Le contexte inflationniste est porteur pour les services de Phenix, tant du côté des commerçants qui veulent limiter les pertes que des consommateurs qui cherchent de bonnes affaires. Mais pas question pour Jean Moreau, cofondateur et président de Phenix, de rechercher l’hyper-croissance. L’heure est à la sobriété. « Cette levée de fonds va nous permettre d’accroître notre impact social et environnemental, à un moment où le monde en a tant besoin, tout en conservant un modèle de croissance durable, équilibré qui, selon moi, est appelé à devenir la norme dans les années à venir », explique-t-il. Une stratégie de développement responsable en phase avec la mission de lutter contre le gaspillage.