Cécile Sémériva • La circularité donne du sens à l’innovation

28/03/2022

Il y a encore quelques années, l’économie circulaire était un pan marginal de l’économie globale, elle prend tout son sens dans le développement actuel de l’innovation. Entretien avec Cécile Sémériva, directrice de l’innovation chez Citeo, entreprise à mission, qui a pour vocation de réduire l’impact environnemental des produits de ses clients, et de simplifier le tri en France. Rencontre optimiste.

Pourriez-vous nous donner votre définition de l’innovation en tant que directrice de ce pôle chez Citeo, comment se construit-elle au jour le jour ?

L’innovation ex nihilo n’existe pas, elle repose toujours sur les acquis passés. Désormais l’accent se porte sur l’innovation à impact positif. Aujourd’hui, pour rencontrer son marché, l’idée nouvelle ne peut plus être décorrélée des enjeux écologiques, sociaux et sociétaux. Dans notre champ d’action axé sur le modèle de l’économie circulaire, l’innovation est synonyme de coopération. Nos méthodes de travail reposent sur l’intelligence collective et le design, et le rôle d’une direction de l’innovation consiste à anticiper et à détecter les signaux faibles, à être un accélérateur de solutions concrètes et à diffuser les savoirs en fédérant tous les acteurs de la chaîne de valeur. Sans oublier de mesurer l’impact de ces innovations, véritable levier aujourd’hui, vis-à-vis du marché, des investisseurs et des citoyens. Pour nous, le sens est indissociable de l’innovation. Nous avons un ‘purpose’, c’est la force de Citeo et de ‘Circular Challenge’, notre accélérateur de projets à impact pour accompagner des start-up, nos clients et parties-prenantes sur ce sujet : accélérer la transition vers l’économie circulaire.

Quels sont les enjeux de l’innovation pour les marques ?

Le véritable défi auquel nous faisons face actuellement, les marques autant que tous les acteurs de la chaîne, est celui de l’industrialisation des solutions. Les marques ont pris des engagements aussi ambitieux que prometteurs en termes de transition écologique. Elles ont élargi leurs activités de R&D en tendant vers l’innovation ouverte, en collaborant avec des start-up et en créant des structures de financement de l’innovation. Pour que les objectifs des marques soient atteints en matière d’écoconception, de recyclabilité, de réemploi et de réutilisation des emballages, l’enjeu majeur repose sur le passage à l’échelle afin d’optimiser leur impact. Nous avons d’ailleurs conçu et partagé un cahier des tendances de l’économie circulaire et nous avons identifié quatre macro-trends : les nouveaux usages (basculement vers l’économie servicielle) ; les synergies créées sur les territoires ; les deep tech, la traçabilité et enfin, les nouveaux matériaux.
En filigrane de ces tendances, le sujet des modèles économiques est pour moi structurant : l’économie circulaire c’est avant tout un système de création de valeur. Ces tendances sont complémentaires et proviennent d’entrepreneurs ayant des solutions qui permettent de répondre aux défis de nos clients et qui sont prêts à prendre des risques pour faire advenir le changement dans lequel elles et ils croient.

Quelles responsabilités portent les marques vis-à-vis de leurs consommateurs, qui restent avant tout des citoyens ?

Aujourd’hui, plus que jamais, l’innovation doit être porteuse de sens, elle n’est pas synonyme de progrès en soi. Elle repose sur une intention et s’inscrit dans une démarche de résolution de problèmes. Chez Citeo, nous avons coutume de dire que les entreprises font partie de la solution et sont des vecteurs importants du changement. Elles doivent être garantes de cette quête de sens et se poser des questions telles que le coût-bénéfice de la solution qu’elles apportent au problème identifié, l’impact de la solution, la création de valeur économique, environnementale et sociale ainsi que les changements générés grâce à cette solution.

On comprend l’interdépendance qui existe entre les différents maillons de la
“ chaîne de pensée ” pour que l’innovation donne lieu à de nouveaux usages. Comment observez-vous cette coopération dans votre mission quotidienne ?

Je vois, aujourd’hui, que nous sommes beaucoup à faire le job ! Des pouvoirs publics, qui légifèrent en faveur de la transition, aux entreprises, qui ont pris des engagements très ambitieux, en passant évidemment par les consommateurs, qui responsabilisent de plus en plus leurs actes d’achat, sans compter les collectivités territoriales, qui ont besoin d’essaimer des systèmes efficaces pour faire valoir l’attractivité de leurs territoires. De ces nouvelles contraintes imposées par l’urgence climatique et écologique naissent des opportunités qui nous font tous converger dans le même sens.

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