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Christophe Audouin • Les collectifs entraînent le mouvement

14/06/2022

Transformer les pratiques de la filière agro-alimentaire, proposer une consommation en conscience et surtout faire partie des entreprises qui apportent des solutions à la crise environnementale et sociale… Des paris initiés par la marque de yaourts Les 2 Vaches dans les années 2000 et qui trouvent aujourd’hui une résonance particulière. Rencontre avec Christophe Audouin, dirigeant convaincu que les marques doivent se servir de leur impact pour lancer le mouvement. À elles d’agir en responsabilité, tel un acteur politique de la cité, main dans la main avec leurs clients…

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Christophe Audouin 
Directeur général de Les 2 Vaches

Pouvez-vous nous éclairer sur le positionnement de la marque Les 2 Vaches au sein du groupe Danone ?

Je définis l’action de la marque Les 2 Vaches à travers Les Prés Rient Bio, filiale de Danone qui commercialise notre marque de yaourts. La vocation première de notre entreprise, créée en 2006, est d’apporter des solutions face à la crise sociale et environnementale dans le secteur de l’agro-alimentaire. Plus de 15 ans après, nous avons conservé 80 % du socle de notre raison d’être. Il y a 4 ans, nous y avons ajouté une dimension d’accompagnement et de démultiplication de notre impact sur l’ensemble de nos parties prenantes. Sur ce point, notre complémentarité avec Danone devient particulièrement intéressante. Si nous continuons à insuffler notre vision au sein du groupe par nos pratiques, notre création de valeur, notre succès, alors l’impact est beaucoup plus fort. De 70 millions d’euros de chiffre d’affaires, on arriverait à transformer les méthodes d’un groupe qui en dégage 1,8 milliard. Grâce à notre configuration, nous pouvons aller chercher le meilleur des deux mondes. Ainsi, depuis cinq ans, Danone achète son lait en conventionnel sur une contrac­tualisation long terme avec un prix établi sur le coût de production, deux avancées fondamentales que l’on a mises en place il y a dix ans.

Comment transmettez-vous cette capacité à mettre en mouvement les pratiques ?

Nous travaillons en étroite collaboration avec nos agri­culteurs et, par la force des choses, cette proximité crée davantage de responsabilité. Nos équipes commerciales passent beaucoup de temps avec les filières pour expliquer notre politique et nos campagnes commerciales. De leur côté, elles intègrent bien mieux les problématiques des agriculteurs et défendent leurs intérêts avec un autre niveau d’engagement, de profondeur et de conviction.

Quelles solutions concrètes apportez-vous à vos éleveurs ?

Maintenant que nous travaillons en bio ET en équitable, nous apportons une vraie différenciation et une création de valeur à nos éleveurs. Au début, nous n’étions qu’en bio avec des agriculteurs mieux rémunérés et des programmes filières cofinancés. Puis nous avons compris que, dès que nous montions le curseur de l’amélioration des pratiques, on demandait à nos éleveurs de se remettre beaucoup en question, de faire des investissements et de prendre des risques. Si l’on voulait continuer à bien faire les choses en bio, il fallait l’accompagner par une contractualisation en équitable avec beaucoup plus de vision à long terme et de sécurisation. Aujourd’hui, les contrats courent sur 5 ans avec un prix minimum garanti, une rémunération supérieure au premium du bio, des prix basés sur les coûts de production et non le prix du lait, et la garantie que 2% du chiffre d’affaires issu de la matière première bio est redirigé vers des fonds filières qui portent des programmes de transformation.

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Aujourd’hui, on loue les mouvements de consommateurs engagés mais ne fait-on pas peser trop de responsabilités sur leurs épaules ?

Si, complètement ! Moi, je considère qu’il y a une forme de démagogie et de manipulation à tout remettre entre les mains du citoyen, d’abord parce qu’il est très souvent mal informé par les marques, les politiques, etc. Ce n’est pas honnête de lui donner le pouvoir alors qu’il n’est pas armé pour prendre les décisions correctement. À la marque de le libérer, de lui permettre une consom­mation en pleine conscience et de mettre à sa disposition des produits sur le marché qui permettent réellement la transformation. L’offre transforme la demande et non l’inverse comme on a trop tendance à le croire !

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