Clara Chappaz : Clusters IA, avec la contribution de ses territoires, la France dope sa recherche en IA
19/03/2025« Il nous faut libérer notre potentiel d’innovation pour construire une alternative aux solutions américaines et chinoises. » Clara Chappaz, secrétaire d’État chargée de l’Intelligence Artificielle et du Numérique*, réaffirme la volonté du gouvernement de soutenir la recherche française en IA dans les territoires. Pour cela, une enveloppe budgétaire de 360 millions d’euros sur cinq ans a été allouée.
[Article extrait du Mag Intelligence Artificielle]
Quel est le fonctionnement et le but premier des clusters IA ?
Clara Chappaz – Les clusters IA sont des pôles d’excellence en recherche et formation qui alimentent l’économie en stimulant la collaboration entre chercheurs, entreprises et acteurs publics. Ils sont financés dans le cadre de la stratégie nationale en IA, et dont la coordination nationale a été confiée à Inria, avec la volonté d’une implication plus large des acteurs, au-delà de l’écosystème de recherche. Les Clusters IA ont trois grands objectifs. Le premier est d’accompagner les établissements d’enseignement supérieur dans une augmentation significative du nombre de diplômés en IA et dans les domaines d’expertise associés, à tout niveau de qualification. Le deuxième est d’attirer les meilleurs talents internationaux avec des formations d’excellence visibles dans le monde entier. Et enfin, ils développent les usages de l’IA en capitalisant sur la recherche applicative dans des domaines aussi variés que la cybersécurité, l’agriculture, la santé, les mobilités ou l’environnement, en lien avec la stratégie de recherche du site universitaire concerné et en établissant des partenariats industriels.
Dans quelle mesure ont-ils un impact sur le dynamisme de leur territoire d’implantation ?
C. C. – Les clusters IA représentent une opportunité unique pour les collectivités locales d’adopter des solutions IA adaptées à leurs défis spécifiques. Par exemple, des clusters comme ANITI à Toulouse se concentrent sur des innovations liées à la mobilité intelligente et à la sécurité, des enjeux clés pour les villes et les zones rurales. Les avancées en IA générative et en open source, soutenues par des infrastructures comme le supercalculateur Jean-Zay, permettent aux collectivités de proposer des services publics plus efficaces, plus personnalisés et plus accessibles. Cette dynamique aura des effets en chaîne : création d’emplois, développement de startups locales et montée en puissance des entreprises dans des secteurs stratégiques comme la santé, la sécurité et l’industrie. Les clusters rendent chaque territoire plus compétitif et plus attractif, notamment en favorisant l’amélioration de la qualité de vie et la performance des services publics au niveau local.
Avez-vous d’autres exemples d’usages et spécialisations adoptés par les clusters IA ?
C. C. – Le cluster MIAI à Grenoble se distingue par ses projets collaboratifs avec des entreprises de haute technologie. Cela permet de stimuler l’innovation et de pousser la recherche dans des technologies de pointe, avec un accent placé sur le bien-être humain et l’environnement. Un autre exemple est le projet Hi! PARIS, financé à hauteur de 70 millions d’euros, qui regroupe des institutions comme l’IP Paris, HEC Paris, Inria, et ambitionne de créer un écosystème mondial autour de la recherche, de l’innovation et de l’entrepreneuriat IA. L’objectif est de former des experts, soutenir des startups innovantes et renforcer la coopération internationale, en particulier dans des secteurs stratégiques pour la France, comme la transition énergétique et la santé.
Comment évolue cet élan stratégique sous votre responsabilité ?
C. C. – Un financement initial de 360 millions d’euros a été alloué pour soutenir neuf clusters d’excellence sur cinq ans. Mais ce n’est qu’un début ! De nouvelles initiatives vont émerger pour étendre leur impact, comme des appels à projets visant à accélérer l’adoption de l’IA générative ou à soutenir la transition numérique dans des secteurs comme la culture. L’objectif est aussi de renforcer la souveraineté technologique de la France, avec un focus particulier sur l’IA frugale et les solutions durables, qui répondent aux grands enjeux écologiques et énergétiques. Ces financements et initiatives permettent non seulement de soutenir la recherche, mais aussi de préparer la France à être un acteur incontournable dans les technologies de demain.
Bio de Clara Chappaz
Diplômée de l’Essec Business School, Clara Chappaz débute sa carrière en Asie au sein de différentes startups d’e-commerce. En 2018, elle obtient un MBA à Harvard. Elle rejoint ensuite Vestiaire Collective, la plateforme de vente et achat de produits de luxe d’occasion, à Paris, en tant que directrice commerciale. En 2021, elle prend la tête de la mission French Tech, qui accompagne le développement des startups technologiques innovantes sur le territoire français, dans la lignée des priorités gouvernementales. Sur proposition du premier ministre, le président de la République a nommé Clara Chappaz secrétaire d’État chargée de l’Intelligence artificielle et du Numérique, auprès du ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, le 21 septembre 2024.
[Article extrait du Mag Intelligence Artificielle]
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