Damien Pellé (SMCP) : les clefs pour une mode durable en 2030

Damien Pellé (SMCP)

Moins de greenwashing, plus d’actions. Pour Damien Pellé, patron de la RSE chez SMCP (Sandro, Maje, Claudie Pierlot, Fursac), la mode ne peut plus se contenter de promesses. Il veut imposer des matières certifiées et la circularité (réparation, seconde main, matières recyclées, recyclage) comme de nouvelles normes d’ici 2030. Un défi colossal dans un secteur où l’illusion du neuf règne encore en maître.

11/03/2025
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UNE CARRIÈRE DANS LA RSE DUE AU HASARD

À quoi ressemblera une entreprise de mode durable en 2030 ? « C’est une entreprise qui irait très loin dans la démarche d’éco-conception de ses vêtements », extrapole Damien Pellé, directeur RSE du groupe SMCP. « Cela veut dire des vêtements de qualité, composés de matières certifiées, qui durent, et dont la fin de vie a été anticipée. Mais c’est aussi une entreprise dont une part du chiffre d’affaires devra être liée à la vente de services, en plus des produits : réparation, location, seconde main, etc. Sans oublier de continuer à faire rêver, car c’est l’essence même de la mode ! » Dès ses premiers pas dans la RSE, Damien Pellé a compris une chose : les entreprises ont un rôle-clé dans la transition vers un développement durable. « Au cours de deux stages, l’un au ministère de l’Environnement, l’autre à la direction du Développement durable d’Orange, j’ai compris tout l’intérêt de la contribution de l’entreprise à la protection de l’environnement. Ça m’a passionné et j’ai voulu en faire le fil directeur de ma carrière. » À la fin de ses stages il part faire du conseil en stratégie de développement durable chez PricewaterhouseCoopers et audite des usines en Chine. Puis il rejoint les Galeries Lafayette en 2015 comme CSR manager (Corporate Social Responsibility), puis directeur du développement durable.

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LA THÉORIE VERSUS LA MISE EN ŒUVRE

À ce poste en 2018, il lance l’opération Go for Good. « On avait embarqué plus de 500 marques vendues aux Galeries Lafayette, pour promouvoir une mode durable. Les produits étaient sélectionnés en fonction de leur moindre impact sur l’environnement (choix des matières premières, procédés de transformation, durée de vie des produits, réduction de l’utilisation de produits chimiques, etc.), ils devaient soutenir la production locale (made in France) ou contribuer au développement social (produis solidaires ou issus du commerce équitable). » Avoir commencé par le conseil lui a été très formateur. « On pense de façon conceptuelle et théorique, on bâtit des stratégies. Je croyais que fixer des grands objectifs stratégiques et convaincre un comité de direction étaient les étapes les plus difficiles dans la RSE. Mais quand je suis entré en entreprise, j’ai vite compris que je sous-estimais totalement la mise en œuvre, qui représente 90% du boulot ! Il faut convaincre toutes les strates de l’entreprise sans jamais lâcher, mettre en place les process, entrer dans le détail. C’est un effort quotidien, mais c’est aussi toute la richesse du poste. » 

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COMPRENDRE LES ATTENTES DE DEMAIN

Il est vrai que les dilemmes ne manquent pas. Par exemple, le décalage entre les attentes des clients, qui se montrent sensibles aux impacts environnementaux de l’industrie textile dans les enquêtes de consommation mais ne reflètent pas toujours ces préoccupations dans leurs achats. « Pour nous, c’est le dilemme le plus difficile à trancher. Par ailleurs, la réglementation évolue tellement vite que j’ai parfois l’impression d’être là seulement pour faire appliquer les règlements ! Une réglementation plus exigeante fait évoluer les choses dans le bon sens, mais cela embarque moins les équipes ». SMCP sera-t-il au rendez-vous de 2030 ? Selon Damien Pellé, c’est l’objectif de la stratégie RSE du groupe. Par exemple, les approvisionnements en matières certifiées sont passés en cinq ans de 0 à 50%, le coton est bio ou recyclé à 65%, voire 90% pour certaines marques, et des services de location, de seconde main et de réparation de vêtements ont été lancés entre 2022 et 2024. « Notre stratégie est sans angles morts sur les sujets importants, et avec des objectifs à l’année prochaine, pas que pour 2030 ou 2050. Dans un grand groupe, la RSE, c’est comme faire dévier un gros paquebot de sa route : même si vous le faites pivoter de quelques degrés seulement, l’impact peut être énorme, et c’est très satisfaisant ».

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UNE NOUVELLE POLITIQUE PARENTALE MONDIALE

Avec la parentalité comme l’un des 4 axes de sa stratégie diversité & inclusion, fin 2024 Damien Pellé et les équipes RH ont également finalisé le déploiement de la nouvelle politique de parentalité de SMCP à l’échelle mondiale. Celle-ci garantit des droits minimaux communs en matière de congés parentaux, alignés sur ceux en vigueur en France, dans tous les pays où le groupe est implanté. « C’est la première fois que je travaillais sur un sujet qui touche autant aux collaborateurs. L’idée, c’est de leur envoyer le message qu’être parent ne doit pas être un obstacle à leur carrière, et ça participe à la marque employeur ». Des mesures qui reflètent la volonté du groupe de construire un environnement de travail qui valorise à la fois le bien-être personnel et professionnel de chacun.

Parcours

Damien Pellé en cinq dates 

2006 : Stage au ministère de l’Environnement, première découverte des sujets environnementaux

2010 : Première visite en tant qu’auditeur social dans des usines de produits de mode en Chine

2018 : Lancement de l’opération Go for Good aux Galeries Lafayette : plus de 500 marques embarquées de l’accessible au luxe pour promouvoir une mode durable

2023 : Validation de la stratégie 1,5 °C du groupe SMCP, alignée sur l’Accord de Paris

2024 : Déploiement d’une nouvelle politique parentale à l’échelle mondiale chez SMCP

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