Éric Duverger : il veut conjuguer rentabilité et limites planétaires

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Après vingt-deux ans comme cadre dirigeant chez Michelin, Éric Duverger a tout quitté pour fonder la Convention des Entreprises pour le Climat en 2020. Trois ans plus tard, il a convaincu plus de 1000 dirigeants de revoir leur modèle économique afin de résoudre la dissonance entre transition écologique et priorités économiques.

08/01/2024
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150 entreprises nous ont fait confiance

« 150 entreprises nous ont fait confiance alors que nous avions cinq slides à leur montrer et aucune expérience. C’est magique ! » Trois ans après avoir lancé la Convention des Entreprises pour le Climat (CEC), Éric Duverger n’en revient toujours pas de son succès. Depuis 2020, avec son équipe, il a su convaincre plus de 1000 dirigeants d’entreprise de suivre les parcours conçus par la CEC à travers toute la France. « Nous venions juste de déposer les statuts de l’association, et ces dirigeants nous ont donné leur bien le plus précieux : dix jours de leur agenda. »

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Planet first, profits second

La CEC est née de la collision entre un choc et un déclic. Le choc, d’abord. Il a lieu pendant la crise du Covid. Éric Duverger vivait alors aux États-Unis, où il était directeur marketing d’une ligne de business pour Michelin. « Pendant le confinement, j’ai beaucoup lu et écouté des podcasts français. Et j’ai été alerté par le décalage entre l’urgence climatique, le dépassement exponentiel des limites planétaires, et la trajectoire stratégique de mon business, qui, malgré sa composante green, était à des années-lumière de ce qu’il fallait faire. » Le déclic, c’était la session finale de la Convention citoyenne pour le climat (CCC) en juin 2020 : 150 citoyens tirés au sort qui ont pris sur leurs week-ends pour se former sur le climat. « J’ai trouvé que c’était un procédé hyper puissant d’intelligence collective, avec un parcours d’apprentissage et du temps pour faire des propositions. Si ça marche pour les citoyens, pourquoi pas pour les entreprises ? J’ai donc adapté le concept avec l’idée de faire basculer le monde économique de “Profits first, planet second” à “Planet first, profits second”, autrement dit, trouver un business rentable à l’intérieur des limites planétaires. »

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Une expérience chez Michelin très utile

Il quitte son job chez Michelin, où il était resté plus de vingt ans. Il réunit une équipe de six personnes, enrichie de 140 contributeurs bénévoles, pour monter la première CEC, et se donne deux ans pour recruter les 150 premières entreprises. Son expérience chez Michelin s’est avérée très utile : « J’ai une compréhension intime de ce qu’est un modèle économique, de ce que l’on veut offrir à un client, des fournisseurs dont on a besoin, du modèle de rentabilité à trouver. Chez Michelin, on travaille beaucoup en équipe : je connais donc les modèles de leadership et les relations de confiance. Enfin, j’y ai aussi appris la transformation et le management du changement. Cette expérience décuple mon efficacité pour construire la CEC et animer des équipes. »

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Partir vers le « cap régénération »

Dans un parcours CEC, les entreprises élaborent une feuille de route pour réinventer leur modèle d’affaires et partir vers le « cap régénération », selon la terminologie de la CEC. À la fin du parcours, elles remettent leur feuille de route au collectif : « Nous avons eu de super feuilles de route, et c’est un premier travail : accepter de se remettre en question et trouver les leviers pour aller vers ce nouveau cap. » Fin novembre 2023, la CEC a publié un baromètre pour mesurer les progrès accomplis en un an. « Globalement, les feuilles de route ont été bonifiées, elles confirment l’envie d’y aller. Mais passer à leur application est plus difficile que prévu, à cause des vents contraires, des barrières à l’intérieur des entreprises. L’effet d’entraînement systémique se fait encore attendre, mais nous l’évaluerons tous les ans. » À quelle aune Éric Duverger mesurera-t-il le succès de la CEC dans cinq ans ? « Nous aurons réussi si l’économie régénérative est devenue une nouvelle norme culturelle pour les dirigeants d’entreprise, et si les précurseurs d’aujourd’hui ont été rejoints par d’autres, y compris du CAC 40. Que le monde économique déclenche un triangle de l’action avec les citoyens et le monde politique, et crée un effet d’entraînement, en France et en Europe. »

Parcours

Éric Duverger en 5 dates

1975 : Naissance.

1993 : Entre à l’École supérieure de commerce de Paris (ESCP).

1997 : Entre chez Michelin.

2020 : Fonde la Convention des entreprises pour le climat.

2023 : Sélectionné par Ashoka comme Changemaker pour le fort impact social de la CEC.

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