Leaderships & égalité : affirmer les genres pour mieux s’en affranchir
15/05/2023En 2023, il paraît délicat de poser la problématique en ces termes : y aurait-il un leadership des hommes différent d’un leadership des femmes ? Si la répartition de ces caractéristiques ne paraît plus d’actualité, il semblerait que le nouveau modèle du leadership se doive d’être beaucoup plus équilibré pour susciter l’adhésion des collaborateurs, d’une part, et contribuer, d’autre part, à réduire les inégalités de genre.
Donner le pouvoir aux femmes : un pas vers l’égalité mais un mouvement encore minoritaire
Si la société évolue et se transforme à grands pas en faveur de l’égalité hommes-femmes, la représentation des femmes au pouvoir ou à des postes à hautes responsabilités n’a pas encore atteint ses objectifs. Selon un rapport de l’ONU Femmes publié le 1er janvier 2023, parmi tous les pays du monde – 195 – il y en a seulement 31 dans lesquels 34 femmes sont cheffes d’État et/ou de gouvernement. Autre chiffre, national cette fois et représentatif du leadership au féminin dans les entreprises privées : en France, une femme est PDG pour neuf hommes. L’entreprise change au rythme de la société et épouse ainsi les attentes de plus en plus pressantes de la part des hommes et des femmes en faveur d’un leadership partagé. Oui à l’union des forces mais non à la symbiose des valeurs dites “masculines” (la compétition, la pensée linéaire et rationnelle) avec les qualités dites “féminines” (la coopération, la pensée holistique et intuitive) ! On a longtemps cru en cette fusion des qualités mais la solution n’est pas celle-ci parce qu’elle ne déplace en aucun cas le leadership des hommes vers les femmes pour autant. Le véritable sujet est la nomination de plus de femmes à des postes clés. Les entreprises qui mettent en place des mesures pour réduire les écarts entre les sexes réfléchissent d’abord à assurer l’égalité des salaires à compétences égales, à investir dans le développement des compétences et enfin à sensibiliser et déconstruire les préjugés inconscients.
Des personnalités de leaders plus multiples et venues d’horizons divers
Comment le meilleur des deux mondes peut-il se rencontrer pour servir au mieux les intérêts de l’entreprise, des collectivités et d’une société entière ? Plus que de valeurs dites féminines ou masculines, le leadership d’aujourd’hui fait son introspection, se nourrit de divers courants de pensée et s’inspire de figures plus ou moins proches de lui. Désormais, c’est la combinaison de valeurs qui va construire l’âme du leader et sa capacité à guider plutôt qu’à diriger. Prenons l’exemple de l’Islande, sinistrée par la crise économique de 2008. Son système bancaire s’est effondré et les élites politiques avec. La société civile a tout remis en cause, balayé le pouvoir en place, réformé la vie politique et sociale avec une place plus importante attribuée aux femmes. Dix ans après, en 2018, le pays affichait un taux de chômage à 1 %, une croissance à 5 % et des investissements en hausse. Naturellement, la crise sanitaire a changé la donne avec une très forte baisse de la fréquentation touristique et un PIB largement à la baisse. Néanmoins, l’exemple du pays reste inspirant sur la façon dont il a réussi à redresser la barre grâce à de nombreuses lois visant la parité des genres. Au lendemain de la crise, la Première ministre Jóhanna Sigurðardóttir et son équipe challengent les lois en place, poussent le curseur plus loin sur le congé parental égalitaire (3 mois pour la mère, 3 pour le père et 3 mois à se répartir) et – coup de maître – imposent l’égalité des salaires hommes-femmes avec certification d’une norme à l’appui. Ce modèle ne fait pas la démonstration de la puissance du leadership des femmes parce qu’il est incontestable mais montre bien la possibilité de changer les paradigmes dans de nombreuses franges de la société. Dans le cas de l’Islande, la démonstration est implacable. La dynamique paritaire se révèle plus qu’efficace et cette alliance femmes-hommes est porteuse d’espoir pour bousculer nos modèles actuels.