L’expérience, arbitre de notre usage du monde
24/08/2021En philosophie, l’expérience s’oppose à la rationalité. Elle est la somme des moments vécus et se confronte à la théorie scientifique. John Locke, philosophe anglais du 17e siècle, adepte de l’empirisme, explique dans son Essai sur l’entendement humain (1689) que “notre seul et unique moyen de connaissance est l’expérience”.
Autrement dit, nous naissons vierges de toute forme d’idées ou d’a priori. Seule la mise en situation face au réel nous permet de vérifier la force d’une rencontre, la puissance d’une sensation ou le trouble que provoque une émotion. L’expérience sculpte notre rapport aux objets et aux personnes. Ramenée sur le terrain plus prosaïque du marketing et de la communication, elle apparaît comme un pré-requis fondamental pour établir la connexion entre une marque et son client. L'avènement du digital a fait disparaître les instants de consommation pour les transformer en instantanéité insatiable dans laquelle les médias sociaux ont aboli la temporalité. Les marques ne fermant plus jamais leurs portes, elles ont dû multiplier les points de contact, les occasions d’être présentes à l’esprit des consommateurs et se confronter à la perception d’un client à la fois sur-sollicité et en veille constante, soucieux de vivre des instants qui aiguisent ses sens et sa connaissance.
Le produit ne tient plus la dragée haute, il s’accompagne désormais d’un univers singulier que le client ne cesse de défier pour lui préférer une expérience person-nalisée soumise à son évaluation. Une épreuve impitoyable pour les entreprises qui se positionnent de plus en plus humblement comme une figure apprenante du ressenti de ses clients.