Maud Caubet : l’architecte qui tisse des liens

Photo portrait de Maud Caubet

À la tête d’une agence d’architecture d’une vingtaine de collaborateurs entre Paris et Bruxelles, Maud Caubet fourmille de projets : certains d’envergure, comme « Inventons la Métropole du Grand Paris » et d’autres plus intimistes. Elle milite pour une « architecture de vie » et attache une importance particulière à la place de la nature en ville. Elle attend beaucoup du projet « Coutures » pour le quartier d'affaires de La Défense.

06/11/2023
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L’architecture pour améliorer le quotidien

« L’architecture, c’est un métier qui résonne au global. Nous avons de véritables pouvoirs d’améliorer le quotidien des femmes et des hommes. Après mon passage par les Beaux-Arts de Paris et l’Institut royal de technologie de Stockholm, j’ai tout naturellement senti cette envie d’être utile. » Une conviction chevillée au corps et que l’on perçoit dans la voix de Maud Caubet dès les premiers échanges. C’est en 2006 qu’elle crée son agence pour « jouir du bonheur de décider » de préserver un équilibre entre vie professionnelle et personnelle. « Beaucoup de jeunes femmes subissent des angoisses liées à la charge mentale et ont peur de ne pas être à la hauteur », souligne-t-elle. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 20 % de jeunes femmes inscrites à l’Ordre des architectes pour 60 % dans les écoles. « C’est un sport de combat au quotidien, mais qui peut se mener de front. »

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Mettre du vivant au cœur du minéral à Paris La Défense

Avec un credo : décloisonner les disciplines. « Il est peut-être temps maintenant de sortir de la vision un peu cartésienne que l’on peut se faire de nos métiers. Chacun constitue un élément et chaque élément constitue un tout. C’est une approche organique. Quand on traite la notion d’espace, où s’arrête-t-on ? Quelle est la séparation physique entre les espaces intérieurs et les espaces extérieurs ? » C’est là que Maud Caubet souligne l’importance de la nature. À ses yeux, il est nécessaire que l’aspect minéral compose avec le vivant et le végétal pour ouvrir d’autres perspectives dans l’architecture. Ainsi, le projet Racine – la restructuration lourde de l’ancien siège de l’ONF (Office national des forêts) que l’agence va livrer à la fin de l’année – illustre comment réinvestir d’anciens parkings en espaces nobles en créant des patios, tout en renaturant la parcelle. 

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Créer des coutures dans la ville

La ville doit être aussi à hauteur d’hommes et de femmes. C’est d’ailleurs toute l’ambition du projet « Coutures » pour lequel Groupama et Paris La Défense ont sélectionné l’architecte. Il s’agit de repenser le quartier d'affaires La Défense : quitter le côté « ghetto de bureaux » pour proposer une ville plus désirable. 

Maud Caubet a donc imaginé un cheminement depuis Paris dans la perspective des Champs-Élysées, en passant par la Seine pour arriver à La Défense. Organiser « une grande circulation douce comme la High Line à New York », qui pourrait être utilisée par tout type de public, des familles, des personnes handicapées… Au final, tisser des liens entre villes « habitées » et quartier d’affaires qui se renouvelle, pour créer des coutures. Le projet fait des émules. Un Livre blanc va être publié en espérant bientôt des appels d’offres pour concrétiser ces idées. 

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Toujours plus de sororité

Pour avancer avec toujours plus de conviction, Maud Caubet a eu des modèles féminins, mais aussi masculins. « J’ai eu la chance de passer du temps auprès d’Andrée Putman, qui était une femme designer extraordinaire. » Autre figure phare, sa mère, qui travaillait dans le milieu de l’industrie automobile. Marie-Christine Caubet a été présidente du directoire de Volkswagenélue femme de l’année en 2012. Sans oublier son père, ancien directeur général de Renault Sport F1.

« On peut trouver des parallélismes entre l’automobile et l’industrie du bâtiment, un milieu très masculin avec des enjeux importants de pouvoirs. La sororité, pour moi, est essentielle et je trouve un peu regrettable que même en architecture, il n’y en ait pas davantage. »

Maud Caubet reste résolument optimiste : « Face à l’urgence climatique, il existe bon de nombre de solutions. Donc ne soyons pas tétanisés. » Pour elle, l’architecture appelle à « une poésie, un juste équilibre entre conjuguer l’art et conjuguer la science ». Et l’aventure se poursuit avec le projet Sheds, parc Diderot à Pantin, d’anciennes usines de filature Cartier Bresson qui vont reprendre vie à travers un Relais petite enfance et un espace culturel.

Parcours

Maud Caubet

1998 : Beaux-Arts de Paris

1999 : Institut royal de technologie de Stockholm (Suède)

2003 : École Nationale supérieure d’architecture de Paris-La Villette

2006 : Création de l’agence Maud Caubet Architectes  

2017 : Double lauréate du concours « Inventons la métropole du Grand Paris 1 »

2023 : Livraison du projet Racines

Photo de la Défense à Paris

Le projet « Coutures » pour Paris La Défense

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