Du navire à l’aéronef, quelles nouvelles mobilités urbaines ?

21/06/2024

Afin de réduire la surcharge routière et l’emprise au sol des villes, des modes de mobilité alternatifs, tels que l’aérien en basse altitude et le transport fluvial, prennent de plus en plus d’importance en ville. Décryptages de quelques innovations repérées au salon Viva Technology 2024.

« Nous contribuerons à la réduction des véhicules roulants qui saturent nos villes. » Lorsqu’il décrit les impacts potentiels de VoloCity, Jean-Christophe Drai, Commercial Lead France de Volocopter, n’omet pas les défis climatiques des métropoles. Pour améliorer la qualité de leur air, mais aussi réduire leur emprise au sol, elles soutiennent massivement les alternatives de mobilité. Rappelons que d’après le CEREMA, 80% de la voirie urbaine est consacrée à l’automobile alors même qu’elle passe 90% de son existence en stationnement. 
 

La voiture volante devient réalité

Pas étonnant donc que le VoloCity ait pu bénéficier d’une exposition importante en trônant à l’entrée du salon Viva Technology 2024, qui faisait du futur de la mobilité l’un de ses thèmes centraux. « Tout dans le design de l’appareil est pensé pour faciliter son introduction en ville », souligne Jean-Christophe Drai. Entièrement électrique, l’aéronef est reconnaissable par sa forme atypique avec une couronne de 18 rotors. « La démultiplication des hélices nous permet d’en réduire la taille, et donc de réduire énormément le bruit qu’elles génèrent. » 

Outre un travail sur la discrétion, le nombre de rotors est aussi le signe d’efforts importants apportés à la sécurité. « Si plusieurs rotors venaient à tomber en panne, même s’ils sont tous situés d’un même côté de la couronne, l’appareil resterait en vol. La redondance des systèmes est un pilier fondamental du design du VoloCity qui nous permet de répondre aux normes de sécurité attendues par l’EASA [Agence de l’Union européenne pour la sécurité aérienne]. »

En effet, outre la technologie, si la voiture volante était jusqu’ici restée un fantasme, c’est aussi parce que faire voler un engin au-dessus d’une ville (à basse altitude) soulève des problématiques sécuritaires majeures et que les États doivent encore légiférer. « En Europe, nous arrivons au terme d’un travail de fond très important mené, depuis le boom des drones, par l’EASA, les industriels et acteurs de l’aérien afin de proposer un cadre sécuritaire suffisant pour autoriser ces moyens de transport », précise Jean-Christophe DraiLe VoloCity de Volocopter, soutenu par le groupe ADP en France, devrait être « le premier aéronef du genre certifié d’ici fin 2024 ». Il sera proposé uniquement à des professionnels qualifiés et certifiés. « Les compagnies aériennes, compagnies de taxi ou opérateurs d’hélicoptères pourront ainsi proposer de nouveaux modes de transport citadins. »

Un transport fluvial qui prend son « envol »

Si le déplacement fluvial est une technique millénaire, elle semble revenir au goût du jour en s’inspirant tout de même de l’aérien. En témoigne la société suisse Fly-Box qui, avec le Fly-Box Compact, propose une barge entièrement électrique, constituée de matériaux ultralégers et de foils lui permettant de maintenir l’essentiel de sa masse en dehors de l’eau. « C’est de la physique. Si vous réduisez les frottements à la surface de l’eau, vous avez besoin de beaucoup moins d’énergie pour vous déplacer », nous explique Alain Thébault, cofondateur et CEO de l’entreprise. À l’intention des entreprises basées à proximité de ports de commerce (fluviaux ou maritimes), le Fly-Box Compact se veut une solution logistique économique et écologique. « Nous tissons par exemple un partenariat avec une entreprise qui pourra se servir des Fly-Box pour transporter ses produits à travers le lac Léman plutôt que d’en faire le tour par camion. Cela lui fera gagner en efficacité et réduira son impact environnemental », estime Alain Thébault.

Fly-Box obtient aujourd’hui de nombreux soutiens internationaux, qu’elle doit en partie à la renommée de son fondateur. Alain Thébault est connu pour ses multiples records de vitesse à voile à l’aide de l’hydroptère (un voilier qui « survole » les flots) dont il est l’inventeur et qui utilisait déjà les technologies qu’il porte sur le marché BtoB aujourd’hui dans le but de « désengorger les axes routiers surchargés de poids lourds. Nous ne faisons que réemployer une voie de circulation naturelle déjà employée par les générations précédentes. De très nombreuses villes du monde sont construites à proximité de fleuves et lacs pour cette raison, mais nous l’avons oublié », conclut-il.

Crédits photo : © Vivatech