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RSE : ces nouveaux magasins qui encouragent une consommation responsable

09/02/2023

Quel meilleur endroit que le magasin pour immerger les clients dans les valeurs d’une marque ? Alors que les consommateurs peuvent douter de la sincérité des engagements RSE, le magasin permet d’apporter des preuves des démarches mises en œuvre. Cela commence par l’écoconception des lieux de vente, mais cela se traduit aussi par les services proposés, comme la réparation de produits, ou encore par les initiatives en faveur de l’inclusion. Illustrations.

Faguo déploie « le magasin qui émet le moins de CO2 sur le marché »

Le magasin est un espace d’expression clé pour une marque comme Faguo. Il lui permet de gagner en notoriété tout en revendiquant son engagement environnemental. Créée en 2009, cette marque française de baskets et d’habillement masculin a en effet placé la réduction de son empreinte écologique au cœur de son projet. Devenue entreprise à mission, Faguo a formalisé ses valeurs dans sa raison d’être : « Engager notre génération contre le dérèglement climatique ».

Depuis l’an dernier, cet engagement se retrouve pleinement dans le nouveau concept de boutique que déploie la marque, qu’elle décrit comme « éco-conscient ». « C’est le magasin qui émet le moins de CO2 sur le marché, pointe dans Fashion Network Nicolas Rohr, cofondateur de Faguo. Son empreinte a été réduite de 30 % par rapport au précédent concept de la marque, et il utilise 40 % de matières recyclées. » Chaque élément a été sélectionné pour son empreinte carbone minimale et sa durabilité. Carrelage recyclé, peinture à base d’algues, fauteuils de seconde main, etc.

L’enseigne, qui possède déjà une trentaine de points de vente, a inauguré ce concept dans sa boutique de la gare Montparnasse à Paris. Il a été récompensé par un premier prix Paris Shop and Design remis fin 2022. Ce nouvel aménagement devrait gagner l’ensemble du réseau de la marque, qui prévoit d’ouvrir une vingtaine de nouvelles adresses dans les deux ans.

Ce travail sur les boutiques est aussi l’occasion de mettre en valeur les services que propose Faguo, comme un corner dédié à la seconde main ou encore une borne de collecte de vêtements (la marque reprend les articles en bon état contre un bon d’achat de 20 % de leur valeur). Faguo organise également sur place des ateliers de réparation. L’occasion d’accompagner ses clients vers une mode plus durable.

Aroma-Zone rend visible l’écoconception

Minimiser l’empreinte environnementale. À l’instar de Faguo, c’est aussi l’objectif que se donne Aroma-Zone avec son nouveau design de magasin inauguré fin 2022 au Forum des Halles, à Paris. L’enseigne, connue pour son expertise sur les huiles essentielles et son offre de cosmétiques à faire soi-même, possède une douzaine de boutiques. « Ici, nous avons voulu que l’écoconception soit plus visible pour les clients, explique à LSA Valérie Madercic, PDG de l’agence de design lyonnaise B5 Retail qui a pensé ce point de vente. Nous privilégions des matériaux recyclés et recyclables comme le métal et le bois. Nous essayons de minimiser les déchets. » Le décor des vitrines est ainsi permanent, justement pour éviter de générer des déchets avec des changements réguliers.

Au-delà de l’écoconception de la boutique, la marque veut aider ses clients à adopter une consommation plus responsable. « C’est pourquoi nous avons placé le bar à vrac au centre du concept, indique Sabrina Herlory, Directrice générale d’Aroma-Zone. Nous voulons inciter nos clients à utiliser ce mode de distribution. » L’enseigne revendique aussi son positionnement prix. « L’inclusivité passe par le prix, insiste Sabrina Herlory. Avoir une consommation responsable, avoir accès à des produits biologiques et éthiques ne doit pas être réservé à une élite. Ne pas avoir de service marketing et ne pas avoir d’intermédiaires entre nous et les producteurs de nos matières premières nous permet de proposer des produits à petits prix. » Une démarche que les consommateurs peuvent toucher du doigt en magasin.

The Body Shop veut des commerces activistes

Toujours dans le domaine des cosmétiques, The Body Shop met en avant un positionnement différent dans ses boutiques : la promotion de l’activisme. Le nom du nouveau concept de magasin qu’elle déploie dans le monde est sans ambiguïté : « Activist Maker Workshop ». Cela renvoie aux racines de la marque, pionnière en matière de RSE et de lutte contre l’expérimentation animale notamment.

« Il existe d’innombrables endroits où acheter des produits de beauté, mais combien d’entre eux vous encouragent à prendre part au changement ?, fait valoir dans Retail Gazette Maddie Smith, Directrice générale UK de The Body Shop. Le lancement de nos magasins poursuit une mission bien concrète : changer les comportements des consommateurs. Nous voulons rassembler les gens pour qu’ils réalisent qu’ils sont capables d’apporter de petits changements qui pourraient profiter aux différentes communautés et à la planète. »

Cet activisme s’incarne dans des boutiques écoconçues qui font la part belle aux stations de recharge, permettant d’économiser des emballages. Mais The Body Shop va plus loin en proposant un espace baptisé « Act » qui incite les clients à s’impliquer dans des causes citoyennes, comme la lutte pour l’égalité des sexes ou la poursuite du combat contre les tests cosmétiques sur les animaux. Dans un des derniers magasins ouverts avec ce concept activiste, à l’automne 2022 à Londres, l’espace Act est consacré à une campagne conjointe entre The Body Shop et le British Youth Council en faveur du droit de vote dès l’âge de 16 ans.

Courir invente une filière de recyclage des sneakers depuis ses lieux de vente

Saviez-vous que les sneakers faisaient partie des produits les plus difficiles à recycler ? Une paire de baskets peut contenir jusqu’à̀ une trentaine de composants différents. « Pour les vêtements, il existe des bacs de collecte, mais pas pour les chaussures. La filière de recyclage n’existe pas, explique à LSA Julie Karsenti, Directrice marketing & digital chez Courir. En cohérence avec nos valeurs, il nous a semblé essentiel d’apporter une solution à nos clients en développant le recyclage en France. »

Depuis le 21 janvier dernier, Courir a ainsi commencé à collecter les sneakers usagées dans trois magasins, à Paris, Grenoble et Annecy, avant un déploiement dans les 270 boutiques de l’enseigne. Toutes les baskets sont acceptées, même les modèles achetés dans d’autres réseaux. Pour leur traitement, Courir a développé une filière de recyclage avec un partenaire industriel en France. À terme, l’enseigne veut réussir à fabriquer de nouvelles chaussures à partir des anciennes. D’ici là, les vieilles sneakers seront transformées en d’autres produits, comme des sols en plastique.

Les clients qui ramèneront leurs baskets ne profiteront pas d’un bon d’achat, comme cela se pratique dans d’autres secteurs. « Notre but est de promouvoir le recyclage. Nous ne voulons pas inciter les clients à consommer », souligne Julie Karsenti. Pour la première année de collecte, Courir espère récupérer entre 60 et 100 tonnes de sneakers. Une façon bien concrète de traduire un engagement citoyen.

Boulanger forme ses directeurs de magasin à la diversité et à l’inclusion

Fin novembre, lors du Sommet de l’Inclusion Économique organisé à Bercy, Boulanger a annoncé de nouveaux engagements en faveur de l’inclusion et de la diversité en entreprise. Ils vont se traduire par une formation spécialisée organisée à l’attention de 200 directeurs de magasin. Dès ce mois de février 2023, en partenariat avec le Campus de l’inclusion, ils entament un programme « Leaders inclusifs », mêlant master class, immersion en lieu inclusif, temps d’action et moment « tremplin » pour mesurer l’impact de leurs premières actions, détaille Neomag. 40 directeurs de magasin ont déjà pu bénéficier de ce programme en 2022.

L’enseigne va aussi accompagner ses collaborateurs avec plusieurs formations diplômantes. À commencer par la formation à la Langue des Signes Française (LSF) pour 200 personnes, avec l’objectif d’avoir un interlocuteur en LSF par magasin. Boulanger poursuit par ailleurs ses opérations de recrutement sans CV. « Ouvrir nos postes et nos formations à tous les publics est la meilleure manière de lutter contre toutes les formes de discrimination à l’embauche. Avec tous les points de contact dont nous disposons sur l’ensemble du territoire, nous avons un vrai pouvoir d’action pour aller à la rencontre des personnes les plus éloignées de l’emploi », indique Hélène Verhille, Leader diversité et inclusion chez Boulanger.

Chaque magasin Électro Dépôt soutient l’association locale de son choix

S’engager auprès d’une association locale. C’est ce que propose Électro Dépôt aux collaborateurs de ses 109 magasins en Europe (86 en France). Le projet s’appelle « 1 Dépôt = 1 Association ». « Le principe est simple : chaque magasin choisit une association locale à parrainer », indique L’info durable. Ce soutien s’opère de trois façons : par des dons de produits (à hauteur de 2 000 € par an), par la mise à disposition de salariés volontaires (une journée par salarié et par an) et par des coups de projecteur (comme des stands en points de vente).

À Annecy, l’équipe Électro Dépôt s’est engagée auprès de l’association « À chacun son Everest », qui accompagne des enfants et des jeunes adultes atteints de cancer ou de leucémie. Le magasin de Bordeaux participe à la création d’un lieu de vie dédié au réemploi et à la réparation en mettant à disposition des équipements électroménagers (les produits Électro Dépôt composent en très grande partie la cuisine du café-cantine), et ses salariés viennent aider, le temps d’une journée, à collecter et revendre les objets revalorisés à un prix solidaire.

Pour suivre toutes ces initiatives locales, chaque magasin dispose d’un « ambassadeur RSE », chargé d’animer les projets et d’être force de propositions. Ces ambassadeurs sont aussi bien des équipiers (50 %) que des directeurs adjoints (25 %) ou des directeurs de magasin (25 %).

Les « Petits Magasins » solidaires de Kiabi traduisent la démarche RSE de l’enseigne

Fin 2022, le réseau de Kiabi comptait 18 « Petits Magasins ». Ce ne sont pas des magasins comme les autres. Ils proposent des invendus de l’enseigne, avec des remises de 70 à 80 %, à l’attention de familles défavorisées « pour leur permettre de s’habiller dignement à moindre coût », explique Kiabi. 46 000 clients ont déjà profité des tout petits prix des Petits Magasins. Ces boutiques sont ouvertes en partenariat avec des associations locales et permettent, aussi, d’accompagner des personnes dans un parcours d’insertion. 22 emplois ont déjà été créés. Chaque Petit Magasin fonctionne en lien avec le point de vente Kiabi le plus proche, qui l’approvisionne en vêtements et apporte son soutien pour la formation des personnes en retour vers l’emploi.

« Les Petits Magasins valorisent trois volets du programme RSE de la marque, résume dans les Clés du Digital Pierre Alcala, Chef de projet chez Kiabi : la création de valeur sociale à partir de stocks de vêtements invendus, un parcours d’insertion professionnelle pour des personnes en recherche d’emploi, et la solidarité via l’accompagnement solidaire d’un public en difficulté économique, fragilisé ou exclu. »

À l’horizon 2030, Kiabi veut ouvrir dans le monde 100 de ces boutiques solidaires, permettant d’offrir une perspective de réinsertion à plus de 500 personnes. Jusqu’à 2 600 000 pièces invendues par an pourraient approvisionner ces Petits Magasins. De quoi contribuer à donner corps aux engagements environnementaux et sociétaux de l’enseigne.

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