Cooling as a Service : comment Water Horizon répond au besoin en réfrigération

06/11/2024

Si l’on évoque souvent le besoin en chauffage, on oublie que le besoin en réfrigération ne cesse de progresser à l’échelle mondiale. Pour faire face aux enjeux économiques et écologiques, la société Water Horizon propose une solution innovante de Cooling as a Service transformant l’énergie perdue de chaleur fatale en froid accessible et non polluant. Le décryptage de Jean-Emmanuel Faure, fondateur de la société.

Quel est le poids économique et écologique du refroidissement dans le monde ? Et en Europe ?

Jean-Emmanuel Faure – Le marché du froid paraît invisible tant on parle couramment du besoin en chaleur. Pourtant, le besoin en refroidissement ne cesse de croître à travers le monde du fait du contexte de réchauffement climatique et surtout de l’essor de pratiques économiques qui en sont très dépendantes comme les datacenters. En définitive, l’impact du refroidissement à l’échelle globale est colossal. Cela engouffre, selon les estimations de l’ONU, près de 20% de la production énergétique électrique mondiale, or cette énergie est encore loin d’être décarbonée. Si l’on se penche plus précisément sur l’Europe, la production d’un mégawattheure de froid équivaut à 75% du CO₂ émis par la production d’un mégawattheure d’énergie gazière. 

 

Quelles sont les problématiques à relever pour réduire cet impact ?

J.-E. F. – Au cours du temps, l’industrie n’a cessé d’optimiser les moyens de refroidissement afin d’en réduire les effets délétères sur l’environnement. Il y a d’abord eu les moratoires sur l’utilisation de certains fluides frigorigènes comme le fréon, qui était très performant en termes de rapport énergétique mais dont les molécules ont largement contribué à la déstabilisation de la couche d’ozone. Ces fluides ont été remplacés par d’autres, moins polluants directement, mais souvent moins performants en termes de rapport énergétique. Le résultat est indirectement le même et l’innovation, bien que continue, tend à atteindre un plateau de performance. C’est pourquoi l’ONU engage de nombreuses discussions et encourage à trouver d’autres solutions pour générer du froid.

 

Pouvez-vous nous expliquer le concept du Cooling as a Service tel que mis en pratique par Water Horizon ?

J.-E. F. – Concrètement, nous mettons sur le marché une batterie ultramoderne, mobile, qui stocke la chaleur sous forme de réaction chimique, car transportée dans un camion climatique, que nous chargeons à l’aide de la chaleur fatale rejetée par certains sites. Cette énergie chimique peut ensuite être redistribuée sous forme de froid et ainsi proposer une solution décarbonée au marché de la réfrigération nous permet ensuite d’alimenter un système de refroidissement également présent dans le camion. Autrement dit, nous proposons à des organisations de valoriser la chaleur fatale de leurs opérations, qui est une énergie théoriquement perdue – pour laquelle elles ont pourtant payé –, afin de faciliter le refroidissement réfrigérer d’autres sites à moindres frais, et pour un rapport environnemental beaucoup plus performant puisque l’on recycle une énergie au lieu d’en consommer une nouvelle.

Le concept du Cooling as a Service prend ici tout son sens, notre solution permet aux entreprises de ne pas mettre en œuvre les infrastructures nécessaires, que cela soit pour récupérer et convertir la chaleur fatale, ou la transformer en froid. Elles économisent ainsi non seulement sur l’installation mais aussi sur les frais d’entretien qui en découlent à long terme. Water Horizon s’occupe de tout, du dimensionnement du projet (afin de nous assurer de rendements et de bénéfices suffisants pour chaque acteur) à l’exploitation de l’infrastructure mobile, le tout pour proposer un modèle triplement gagnant : l’entreprise qui valorise une énergie perdue, celle qui en bénéficie pour répondre à ses besoins de refroidissement, et Water Horizon.

 

Quels sont vos premiers cas clients et résultats ?

J.-E. F. – Nous sommes en phase d’industrialisation et levons des fonds pour nous permettre de répondre à plus de projets. Actuellement, nous avons plus de 250 sollicitations en attente à travers tout le territoire français et l’idée commence également à germer en Europe, notamment en Allemagne où l’énergie est beaucoup plus coûteuse et carbonée.

En France, nous opérons par exemple la récupération de chaleur fatale de l’incinérateur de déchets de Toulouse afin de réfrigérer une patinoire située à 15 kilomètres de là. Le projet sera viable opérationnel à la fin de l’année et fera économiser à la métropole entre 1000 et 2000 tonnes de rejets de CO₂ par an.

Bio de Jean-Emmanuel Faure

Diplômé de l’école d’ingénieur ENSEEIHT à Toulouse, Jean-Emmanuel Faure est le fondateur et dirigeant de Water Horizon. Bénéficiant à l’époque du statut d’étudiant entrepreneur, il développe la technologie de l’entreprise durant ses années de formation. À la sortie de l’école, il se lance dans le projet et rentre dans l’incubateur Midi-Pyrénées (Nubbo) où il continue à se former et parfaire son bagage d’entrepreneur. Water Horizon compte désormais une trentaine de collaborateurs.

Bio de Jean-Emmanuel Faure