Céline Damour : « Avec sa nouvelle marketplace, Yves Rocher réinvente la beauté engagée »

Comment conjuguez-vous l’ancrage historique d’Yves Rocher en Bretagne avec une stratégie e-commerce mondiale ?

Céline Damour – Notre histoire commence en Bretagne, il y a 65 ans, avec une vision pionnière : celle de la Cosmétique Végétale®. Ce modèle, qui conjugue science, nature et performance, continue de guider notre développement. Aujourd’hui, grâce à un modèle intégré – de la culture des plantes à la fabrication à 95% en France –, nous distribuons nos soins dans 90 pays. Le digital est un formidable relais de cette mission. Il nous permet d’incarner nos valeurs à grande échelle dans toute l’Europe, en Amérique du Nord et en Asie. Chaque année, nos sites attirent plus de 120 millions de visiteurs, engendrant près de 4 millions de commandes, et à l’horizon 2026, le e-commerce représentera 20% de notre chiffre d’affaires.

Comment articulez-vous retail physique et e-commerce pour enrichir l’expérience client ?

C. D. – Notre choix, c’est un modèle omnicanal : le digital et le physique se complètent pour enrichir l’expérience client globale. En France, nous avons un magasin dans chaque préfecture. Nos équipes sont formées à l’approche dermo-botanique, et elles jouent un rôle clé dans la personnalisation de la relation client, le conseil et la fidélisation. Le e-commerce, lui, apporte simplicité, fluidité et instantanéité. Nos plateformes digitales sont pensées comme une extension de nos boutiques, et notre application mobile a été entièrement repensée en 2024 pour basculer d’un canal à l’autre en toute simplicité, avec carte de fidélité dématérialisée, prise de rendez-vous, offres personnalisées… Ainsi, l’expérience reste fluide et unifiée d’un canal à l’autre, et c’est ce qui fait aujourd’hui la singularité et la force de ce modèle.

Le e-commerce est-il un levier de transformation écologique ?

C. D. – Absolument. Nous avons d’abord lancé le Green Impact Index pour rendre l’impact de nos produits plus lisible. Cet outil évalue leurs effets environnementaux et sociaux. Une quarantaine de références sont déjà concernées en France et nous comptons étendre cette méthodologie à l’ensemble de notre offre. C’est une avancée pour impulser des choix de consommation plus responsables. Nous agissons aussi sur le digital lui-même : éco-conception de notre appli mobile, réduction des emballages, logistique plus sobre… L’expérience e-commerce se doit d’être alignée avec nos engagements.

Pourquoi avoir lancé une marketplace et quelles ambitions portez-vous ?

C. D. – Ce n’est pas une simple évolution de notre offre mais une réinvention du e-commerce dans le secteur de la beauté. L’idée, c’est de construire un écosystème vertueux en accueillant sur cette plateforme des marques partenaires qui partagent nos valeurs. Une cinquantaine de « marques amies » s’ajoutent donc à l’offre historique d’Yves Rocher, avec des solutions de bien-être comme des compléments alimentaires, des cosmétiques écoresponsables, de la beauté pour homme, des soins dédiés aux bébés… Nous élargissons continuellement notre sélection tout en veillant à la cohérence de l’offre et à son alignement avec notre promesse de marque. Les résultats sont là, puisque nous sommes la deuxième enseigne e-commerce beauté en France, selon la FEVAD. Ils prouvent que performance économique et impact positif sont compatibles et que le digital peut être un levier de transformation durable pour tout un secteur.

La marketplace est-elle l’avenir du e-commerce beauté ?

C. D. – C’est un modèle central. Près de la moitié des recherches produits commencent sur une marketplace. Ce sont devenus des lieux de découverte, d’inspiration, d’achat. En Asie, nous testons des modèles innovants, comme TikTok Shop. En Thaïlande, la croissance est portée par un fort engagement des clientes et une réelle appétence pour notre approche de la beauté. Ce modèle est un véritable pilier de notre stratégie digitale pour amplifier nos engagements et guider nos consommateurs vers des choix plus responsables. 

Biographie

Diplômée de l’ESSEC et de la Kellogg School of Management, Céline Damour est une experte du marketing international dans l’univers de la beauté. Après avoir fait ses armes chez Unilever, Sephora et Guerlain (LVMH), elle rejoint Yves Rocher en 2019 et devient directrice marque internationale en 2022. Sa mission : renforcer la notoriété mondiale de la marque tout en inscrivant son développement dans une démarche plus responsable. Convaincue que le digital et l’innovation peuvent transformer l’industrie cosmétique, elle soutient des initiatives stratégiques, dont l’expansion e-commerce et le lancement d’une d’une marketplace engagée.