Professeur de marketing à l’ESCP Business School, Benoît Heilbrunn est l’auteur de plusieurs livres : le Que sais-je ? sur la marque, Le marketing pour les nuls, L’obsession du bien-être, etc. Pour Le Hub de La Poste, il livre sa vision des enjeux auxquels sont confrontées les marques, autour d’un défi cardinal : arriver à redonner de la valeur aux produits et services que nous consommons.

Face aux critiques contre la fast fashion et son impact environnemental, H&M multiplie les initiatives écoresponsables. Dernière en date : un service de location de vêtements, testé actuellement dans le flagship du groupe à Stockholm. Baptisée « H&M Rental Service », cette prestation est réservée aux membres du programme de fidélité, qui peuvent louer jusqu’à trois articles à la fois pendant une semaine pour environ 35 euros chacun. Un prix qui peut paraître élevé mais qu’il faut relativiser : la sélection en location compte une cinquantaine de robes de gala ou de mariée et de tops de soirée, des vêtements chers à l’achat – jusqu’à 300 euros – et qui ne servent souvent qu’une seule fois. Tous les articles loués font partie de la collection « Conscious Exclusive », qui exploite pour sa fabrication des matières durables telles que le coton bio ou des fibres provenant d’ananas et de résidus d’oranges.

Alors que les consommateurs sont de plus en plus exigeants sur la transparence des produits, comme en témoigne « l’effet Yuka », Intermarché vient d’annoncer le lancement du Franco-Score, un indicateur d’origine des matières premières. En plus du lieu de fabrication matérialisé par un point sur une carte de France, le Franco-Score affiche une jauge graduée en pourcentage précisant la part d’ingrédients français présents dans le produit (voir visuel ci-dessus). En outre, les logos « origine française » reconnus, comme ceux des filières de viandes hexagonales, sont également inclus le cas échéant.

Outre-Manche, l’équipementier sportif a trouvé une solution simple pour aider ses clients à recycler leurs chaussures et leurs vêtements, tout en en les fidélisant : Adidas rachète en bons d’achat les articles de moins de 5 ans que lui rapportent ses clients. La marque s’est associée avec une startup spécialisée, Stuffsr, qui gère la logistique pour remettre si possible en état les produits et les revendre, ou bien pour les recycler. Pour l’instant réservée aux membres britanniques du programme de fidélité d’Adidas, cette initiative pourrait s’étendre à d’autres pays en 2020. Elle correspond à la volonté de la marque de favoriser une mode plus durable. Adidas travaille par exemple sur une chaussure de course entièrement recyclable appelée Futurecraft Loop : une fois usée, elle pourra être renvoyée à l’équipementier qui la réduira en granules pour produire une nouvelle paire, entraînant zéro déchet.

Les pratiques de la grande distribution évoluent à grand pas pour répondre aux nouvelles attentes des consommateurs et de la société. Ce qui semblait inimaginable il y a encore quelques mois se déploie maintenant dans les rayons. Comme vendre des produits d’épicerie dont la date de durabilité minimale (DDM) est dépassée. Après avoir testé cette initiative dans 3 magasins, Carrefour va l’étendre à 14 autres en Bretagne. Le distributeur ne va bien sûr pas commercialiser des produits dangereux pour ses clients. « La DDM est l’équivalent de l’ancienne date limite d’utilisation optimale (DLUO), rappelle le site spécialisé Linéaires. Les produits dont la DDM est dépassée peuvent avoir une qualité altérée, sans que cela ne soit nocif pour la santé. Ils sont donc parfaitement consommables. » Carrefour présente ces produits dans un meuble dédié, avec des réductions allant jusqu’à 50 %.

« Si vous êtes un tant soit peu à l’écoute, vous savez que notre planète ne tourne plus rond ! » C’est avec ces mots qu’Yvon Chouinard, le fondateur de Patagonia, a inauguré l’an dernier aux États-Unis la plateforme « Action Works », un « site de rencontres » qui permet aux internautes de « trouver des ONG qui œuvrent sur des sujets qui leur tiennent à cœur ». L’initiative a rencontré un tel succès – 500 000 personnes se sont mobilisées outre-Atlantique en faveur de causes environnementales – que la marque californienne de vêtements écoresponsables vient de lancer son programme en Europe.

Le 18 septembre dernier, le salon de thé Ladurée de la Rue Royale à Paris s’est mis au régime végan, poursuivant sa quête de modernité en pariant sur la santé. Une révolution pour cette maison connue pour ses macarons crémeux depuis sa création en 1862 ! La carte accueille désormais des plats réalisées sans aucun produit issu d’animaux ou de leur exploitation : houmous de betterave, salade de lentilles, caviar d’aubergines, crème de piquillos, etc. L’inspiration pour ce virage végan est venue des États-Unis, où Élisabeth Holder, directrice du développement de Ladurée USA, a découvert le chef américain Matthew Kenney, pionnier de la cuisine végane. « La rencontre avec Matthew a été un déclic, raconte Élisabeth, dont le frère David dirige Ladurée. Je me suis dit qu’une marque comme la nôtre, qui a 150 ans de tradition française, devait se bouger, aller vite et se créer un électrochoc. »

Dans les 900 magasins de la chaîne finlandaise S-market, le Happy Hour commence à 21h. Mais ici, pas question de promotion sur l’alcool : l’enseigne utilise ce terme pour désigner la période de rabais exceptionnels sur les produits bientôt périmés. En journée, ils sont déjà vendus 30 % moins cher. Mais quand approche la fermeture du magasin, la remise monte à 60 %. Le New York Times, qui a repéré cette initiative, rappelle qu’un tiers de la nourriture produite et emballée pour la consommation humaine est « perdue » ou « gaspillée ». En adoptant l’expression festive Happy Hour, l’enseigne veut ancrer ce rendez-vous dans l’agenda des consommateurs, comme le font les bars à l’heure de l’apéro. Et cela semble fonctionner, les clients étant au rendez-vous. Certains attendent même dans les allées des magasins que sonne le gong des bonnes affaires.

Quelques jours avant le sommet des Nations unies pour le climat qui se tenait à New York le 23 septembre, Nestlé a fait une annonce forte : le groupe a promis de réduire à néant ses émissions de gaz à effet de serre d’ici 2050. Le changement climatique est « l’un des plus gros risques pour l’avenir de notre business », a commenté Mark Schneider, PDG de Nestlé. La multinationale est en effet directement tributaire de la météo et des ressources en eau pour son approvisionnement en produits agricoles. « Les preuves scientifiques montrent que le secteur de l’alimentation et de l’agroalimentaire sera le plus affecté par le réchauffement climatique », abonde Magdi Batato, directrice des opérations chez Nestlé.

L’enseigne revient sur le devant de la scène en octobre avec une démarche originale : tournant le dos à la fast fashion, elle mise sur une offre resserrée et plus responsable, portée par un catalogue qui veut retrouver toute sa place dans le salon des Français. Interview de Karine Schrenzel, cofondatrice avec Olivier Gensburger de la société ShopInvest, spécialisée dans le e-commerce, qui a racheté la marque en 2018.